Mort de Nahel : la version du policier contredite par le rapport de l'IGPN

Six mois après la mort de Nahel lors d'un contrôle routier, RTL a pu consulter le rapport de l'IGPN et lever le voile sur des zones d'ombre.

L'expertise sonore des vidéos du drame doit encore être rendue (Capture d'écran BFMTV)
L'expertise sonore des vidéos du drame doit encore être rendue (Capture d'écran BFMTV)

Le 27 juin 2023, Nahel, 17 ans, mourait lors d'un contrôle routier à Nanterre, après un refus d'obtempérer ; une mort qui avait occasionné plusieurs semaines de manifestations et révoltes en France.

Six mois plus tard, de nouveaux éléments révélés par RTL viennent remettre en cause la version de Florian M., le policier de 38 ans auteur du tir. Ce dernier a été remis en liberté sous contrôle judiciaire le 15 novembre après cinq mois d'incarcération. Son avocat Maître Laurent-Franck Liénard confiait alors que son client avait subi en prison un "choc mental terrible".

La trajectoire de la Mercedes ne menaçait pas l'auteur du tir

Après avoir consulté le rapport de l'IGPN, RTL souligne trois points. Le premier concerne la trajectoire de la Mercedes jaune conduite par la victime, et dont un des policiers sur place redoutait qu'elle "fasse une embardée sur la gauche" et les "coince contre le mur". Le rapport d'intervention rédigé après le drame indique en particulier que la voiture leur "fonçait dessus". Florian M., lui, se trouvait alors à gauche du véhicule, entre la voiture et un muret, dans un espace restreint d'une quarantaine de centimètres.

Or, grâce aux deux vidéos versées au dossier, l'analyse de l'IGPN conclut que la voiture n'a jamais représenté une menace. "On ne voit à aucun moment le véhicule dévier sur la gauche au moment où il redémarre", affirment les juges d'instruction de Nanterre. La Mercedes jaune continuait tout droit.

Nahel a-t-il reçu des coups de crosse au visage ?

Florian M. a-t-il donné des coups de crosse à Nahel, le visant à la tête, au nez et au-dessus de l'oreille gauche ? C'est ce qu'affirment cinq témoins - les deux passagers de la voiture âgés de 17 et 14 ans ainsi que trois personnes ayant assisté à la scène. L'une d'elle aurait "écrit sur [son] téléphone, pour [se] souvenir" de ce qu'elle avait vu : "Ce policier a commencé à taper directement le jeune conducteur à la tête avec la main droite."

Les coups déclarés sont compatibles avec le rapport d'autopsie, qui fait état de "deux ecchymoses au bras gauche" pouvant être interprétées comme des lésions de défense. Florian M., lui, avait répété aux juges d'instruction qu'il n'a "porté aucun coup" à Nahel mais avait frappé le pare-brise.

Les menaces de mort des policiers au coeur de l'enquête

Enfin, plusieurs témoins, dont un Gallois qui se trouvait dans un Uber à proximité, affirment avoir entendu les policiers proférer des menaces de mort : "balle dans la tête", "shoote-le" et "SHOOTE". Florian M. nie avoir prononcé ou entendu ces mots et assure avoir crié "Coupe-le" en parlant du moteur de la Mercedes.

Pour l'heure, explique RTL, l'exploitation vidéo de l'IGPN précise que "une balle dans la tête" est prononcé deux fois, tandis que les autres mots prononcés sont "Coupe! Coupe!" et non "shoote !". L'expertise sonore des vidéos par l'IRCGN (l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) doit être rendue ces prochaines semaines.

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