Mort de Nahel : un an après, sa mère attend le procès du policier pour quitter la France

La mère de Nahel lors de la marche blanche en hommage à son fils, jeudi 29 juin à Nanterre.
Lucie Hennequin / Le HuffPost La mère de Nahel lors de la marche blanche en hommage à son fils, jeudi 29 juin à Nanterre.

POLICE - Une part d’elle-même s’est éteinte avec son fils. La mère de Nahel, abattu par un tir policier à l’âge de 17 ans à Nanterre en juin 2023, s’est ouverte longuement dans une interview accordée au magazine Elle, parue ce mercredi 5 juin. « Je suis morte à l’intérieur », a-t-elle exprimé, décrivant un quotidien marqué par la douleur depuis la perte de son enfant.

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« On s’envoyait quinze à vingt messages par jour... C’était fusionnel », se souvient-elle. « Il était le plus beau cadeau que Dieu m’ait donné. Et puis... Il me l’a repris ». L’adolescent de 17 ans a été tué le 27 juin 2023 par un policier à Nanterre.

L’incident qui a largement marqué la France s’était déroulé lors d’un contrôle routier où Nahel, conduisant sans permis, avait refusé d’obtempérer aux ordres des policiers. Après une brève poursuite, le véhicule de Nahel avait été immobilisé par les forces de l’ordre. Un des policiers, se sentant menacé, avait alors tiré à bout portant, causant la mort du jeune homme.

« Nahel, pourquoi tu n’es pas sorti de la voiture ? »

Selon le premier récit avancé par certains médias, de sources policières, le conducteur avait foncé sur les deux motards. Mais une vidéo publiée par un témoin quelques minutes plus tard sur les réseaux sociaux a contredit cette version des faits.

« Dans mon malheur, j’ai eu la chance que la scène ait été filmée. Si ces images n’existaient pas, seule la version des policiers serait restée », se rappelle la mère de Nahel. Elle aurait aimé pouvoir changer le cours tragique des événements : « Je me pose toujours les mêmes questions. Je dis, Nahel, pourquoi tu n’es pas sorti de la voiture ? »

Elle poursuit : « Oui, il a conduit sans permis, mais il ne méritait pas de mourir pour ça. Le policier aurait pu le sortir de la voiture, l’attraper par les cheveux, le menotter... ou alors le laisser partir, avec toutes les caméras de vidéosurveillance de la ville de Nanterre, on l’aurait retrouvé, ils auraient pu venir le chercher chez moi, casser ma porte, je m’en fous, au moins mon fils serait toujours avec moi ».

La mort de Nahel a déclenché des manifestations et des émeutes dans plusieurs villes en France, dénonçant les violences policières et les discriminations systémiques subies par les jeunes des quartiers populaires. L’incident a également relancé le débat sur les pratiques policières et la nécessité d’une réforme en profondeur.

Après quatre mois de détention, le policier responsable du tir a été libéré et placé sous contrôle judiciaire. Mounia Merzouk déclare désormais qu’elle quittera la France après le procès et la condamnation de ce dernier. Une marche commémorative en hommage à Nahel est programmée à Nanterre le 29 juin, presque un an jour pour jour après le décès du jeune.

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