Mort de Jane Birkin : chanteuse et comédienne, elle était aussi (très) politique et engagée

Jane Birkin et Charlotte Gainsbourg photographiées lors d’une manifestation contre Jean-Marie Le Pen.
Jane Birkin et Charlotte Gainsbourg photographiées lors d’une manifestation contre Jean-Marie Le Pen.

POLITIQUE - 27 avril 2002. Paris. Plus de 400 000 manifestants défilent après la qualification de Jean-Marie Le Pen, candidat du Front national, au second tour de la présidentielle. Pull gris, lunettes fumées sur le nez et sourire aux lèvres, Jane Birkin brandit une pancarte on ne peut plus claire : « 100 % contre Le Pen ». Interrogée par France 2 sur cette surprise électorale, elle déclare : « J’en ai fait des cauchemars toute la nuit. » L’artiste, disparue ce dimanche 16 juillet à l’âge de 76 ans, n’a jamais fait mystère de ses combats.

Notamment contre l’extrême droite. 15 ans plus tard, place de la République, elle participait encore à un concert organisé en réaction de la présence, cette fois, de Marine Le Pen au second tour.

Un hommage à sa propre histoire

Il faut dire que l’interprète défendait des causes aux antipodes des thèses soutenues par le FN, devenu RN. Anti-Brexit, la Britannique de naissance soutenait notamment les droits des exilés. « Je me suis mobilisée tout au long de l’année aux côtés des sans-papiers, à l’appel de Josiane Balasko, qui fait un travail formidable. Je suis très engagée dans la vie citoyenne », expliquait-elle en 2010 dans une interview à L’Humanité, dans lequel elle révélait avoir parrainé « un jeune Zaïrois qui a demandé l’asile politique ».

Une cause qu’elle liait à sa propre histoire. « Serge (Gainsbourg, ndlr) et moi sommes issus de familles d’immigrés. Je sais à quel point il est difficile de s’intégrer dans un pays surtout lorsqu’on est stigmatisé par ses dirigeants politiques », expliquait celle qui avait participé en 2010 à une manifestation sous les fenêtres du ministre de l’immigration, Éric Besson. Un engagement constant, puisqu’en septembre 2015, l’anglaise préférée des Français se trouvait encore dans une marche pour le soutien des réfugiés à Paris.

« J’ai été privilégiée par l’accueil que j’ai eu en France et c’est pour cela que j’aimerais bien convaincre des personnes que tout est dans l’accueil. J’ai été accueillie peut-être parce que j’étais jolie et anglaise, et c’est infiniment plus facile que si je venais d’Afrique du Nord », expliquait-elle à France Culture en 2017.

De tous les combats de son époque

Celle qui manifestait enfant dans les rues de Londres contre la peine de mort, a épousé des combats qui dépassent largement les frontières nationales. Dans les années 70, elle se mobilisait pour le droit à l’avortement. La chanteuse s’était même déplacée au tribunal de Bobigny, en soutien de quatre femmes accusées d’avoir aidé la lycéenne Marie-Claire Chevalier d’avoir avorté clandestinement à la suite d’un viol.

Dans les années 2010, Jane Birkin a participé à des manifestations de soutien en faveur de l’opposante birmane et lauréate du prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi. En 2013, elle comptait aussi parmi les personnalités mobilisées pour dénoncer la guerre en Syrie et le régime de Bachar-al Assad.

En 2015, elle demandait aussi à la marque Hermès de débaptiser le mythique sac en crocodile portant son nom, « jusqu’à ce que de meilleures pratiques répondant aux normes internationales » soient mises en place pour l’abattage de ces animaux. Plus récemment, cette icône de la musique, du cinéma et de la mode signait une tribune en faveur d’une politique plus ambitieuse en matière d’écologie. En octobre 2022, elle faisait partie de ces célébrités qui se coupaient les cheveux en soutiens des femmes iraniennes.

Autant de combats ancrés dans la réalité de l’époque qu’elle a traversée, et qui montrent que cette artiste généreuse ne pouvait concevoir le succès sans en faire rejaillir les fruits sur les causes qui lui semblaient justes, en dépit des potentielles critiques que cela pouvait provoquer. Ce que résume ce refrain qu’elle entonnait avec Mickey 3d : « Je m’appelle Jane et je t’emmerde ».

À voir également sur Le HuffPost :

Franck Ferrand soutenu par la droite et l’extrême droite après un portrait dans « Libération »

Isabelle Adjani appelle les femmes à « enlever » leur voile « par solidarité » avec les Iraniennes