Mort d'Yvan Colonna : le parquet antiterroriste dément la suppression de données sensibles

Sur une plaque de bois, à côté de la porte de l'église de Cargèse, en Corse-du-Sud, le visage au pochoir du militant indépendantiste corse Yvan Colonna, tués en prison par un co-détenu, le 25 mars 2022 - JULIEN DE ROSA © 2019 AFP

Un an après la mort en prison d'Yvan Colonna, le parquet national antiterroriste a affirmé qu'aucune preuve n'indique qu'un signalement écrit la veille de l'agression aurait été par la suite supprimé.

Rien ne permet, à ce stade, d'affirmer que le détenu soupçonné d'avoir assassiné Yvan Colonna en 2022 en prison aurait dit la veille vouloir tuer le militant nationaliste corse, ni qu'un signalement écrit aurait été par la suite supprimé, selon le parquet national antiterroriste.

Le 2 mars 2022, Yvan Colonna, qui purgeait une peine de prison à perpétuité à Arles pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, avait été violemment agressé par Franck Elong Abé, 36 ans, qui purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans pour "association de malfaiteurs terroriste".

Ce dernier est depuis mis en examen pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs dans le cadre d'une information judiciaire confiée à des juges antiterroristes.

Le témoignage clé d'une surveillante

Parallèlement, une commission d'enquête parlementaire, présidée par le député nationaliste de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva, mène des auditions.

Mercredi, l'un des avocats de la famille du défunt, Maître Sylvain Cormier, a affirmé dans un reportage de France 3 "qu'une surveillante a expliqué aux députés que la veille de l'assassinat d'Yvan Colonna, elle l'[Franck Elong Abé] avait entendu dire 'je vais le tuer' et donc elle signale ces faits."

"Lorsque la commission d'enquête parlementaire a voulu vérifier les traces laissées sur ce logiciel de cet incident, comment il avait été inscrit et répertorié, et bien ils se sont aperçus qu'ils n'y étaient pas. Soit le logiciel a dysfonctionné soit on a effacé", avance-t-il encore.

Ce que le parquet national antiterroriste (Pnat) a démenti auprès de France Télévisons, puis jeudi auprès de l'AFP.

"Dans le cadre de l'information judiciaire (...), les investigations portent notamment sur les observations des surveillants pénitentiaires avant, pendant et après les faits", a-t-il rappelé.

La piste du logiciel pour l'instant écartée

Selon le Pnat, "à ce jour, les éléments figurant au dossier d'information judiciaire et notamment l'audition de la surveillante concernée, ne permettent pas d'attribuer de manière certaine les propos 'je vais le tuer' qu'elle dit effectivement avoir entendus à Franck Elong Abé, ni de dire qu'ils concernaient Yvan Colonna".

"En outre, il n'est pas indiqué que le signalement sur ces propos menaçants aurait été intégré dans le logiciel Genesis et donc, par la suite, supprimé", rapporte-t-il.

Selon une source à l'Administration pénitentiaire, pour se connecter au logiciel Genesis, il faut avoir une carte d'agent, qui est personnelle.

Toute manipulation dans le système laisse une trace: que ce soit modifier, ajouter, supprimer quelque chose, tout est tracé et permet de remonter à l'utilisateur qui a fait la modification, selon la même source.

Article original publié sur BFMTV.com

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