Mort d’Yvan Colonna : un assassinat commandité par l’État ? Les autorités démentent les allégations du meurtrier

Franck Elong Abé, l’homme mis en examen pour l’assassinat du militant corse Yvan Colonna assure avoir été missioné.
NurPhoto via Getty Images Franck Elong Abé, l’homme mis en examen pour l’assassinat du militant corse Yvan Colonna assure avoir été missioné.

CORSE - Un courrier qui sème le trouble. Franck Elong Abé, l’homme mis en examen pour l’assassinat du militant corse Yvan Colonna à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône) en 2022, a adressé une lettre bien particulière à la juge d’instruction antiterroriste en charge de cette affaire. Il revient sur ses premières déclarations, et change de version pour évoquer « un acte commandité ».

S’il ne nomme pas précisément les commanditaires, l’homme évoque « des individus se présentant sous une fausse identité mais étant des agents de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) qui lui auraient intimé l’ordre d’assassiner Yvan Colonna », a détaillé une source proche du dossier. « L’état psychiatrique de Franck Elong Abé, dont les experts ont conclu qu’il avait eu une altération du discernement, et l’incohérence d’une partie de son écrit conduisent à considérer ses nouvelles déclarations avec la plus grande prudence », a ajouté cette source.

Des accusations immédiatement démenties par le Ministère de l’Intérieur. « Ces allégations sont totalement fausses et sont sans fondement », a déclaré ce mercredi 20 mars la porte-parole du ministère, Camille Chaize. « Les services du ministère de l’Intérieur ne commanditent pas d’assassinat ni d’agression contre qui que ce soit. Ce ne sont pas des pratiques qui existent », a-t-elle ajouté.

La piste d’un assassinat en relation avec une entreprise terroriste

Yvan Colonna, qui purgeait une peine de réclusion à perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, a été violemment agressé le 2 mars 2022 dans la salle de sport de la prison d’Arles par cet homme radicalisé condamné notamment dans un dossier terroriste. Il est décédé des suites de ses blessures deux semaines plus tard. Des veillées sont prévues jeudi à l’occasion des deux ans de sa mort.

Au moment des faits, Franck Elong Abé était classé détenu particulièrement signalé (DPS) depuis novembre 2015 en raison de sa « grande dangerosité », de « son instabilité » et de « la persistance de son comportement violent », selon des documents d’enquête. Il purgeait alors plusieurs peines, dont une de neuf ans d’emprisonnement pour association de malfaiteurs terroriste, et était libérable en décembre 2023.

Le suspect, 37 ans aujourd’hui, est mis en examen pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste. Lors de ses premiers interrogatoires, il avait expliqué s’en être pris à Yvan Colonna parce qu’il aurait blasphémé contre le prophète Mahomet. Il avait affirmé avoir « agi seul », « pour le compte d’aucun groupe ».

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