Mort d’un sapeur-pompier à Saint-Denis : ce que l’on sait des circonstances de ce drame

Âgé de 24 ans, le Caporal-chef Dorian Damelincourt est « mort au feu » dans la nuit de dimanche à lundi, dans un climat de forte mobilisation des pompiers pour contenir les incendies liés aux émeutes.
Âgé de 24 ans, le Caporal-chef Dorian Damelincourt est « mort au feu » dans la nuit de dimanche à lundi, dans un climat de forte mobilisation des pompiers pour contenir les incendies liés aux émeutes.

FAITS DIVERS - Si les circonstances de la mort pouvaient laisser penser à un drame lié aux émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, il n'en est rien. Le ministre de l’Intérieur a annoncé ce lundi 3 juillet la mort de Dorian Damelincourt, un jeune caporal-chef de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) alors qu’il tentait d’éteindre un incendie à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

Selon les premiers éléments fournis par Gérald Darmanin, le sapeur-pompier de 24 ans luttait « contre un feu de plusieurs véhicules dans un parking souterrain à Saint-Denis » dans la nuit de dimanche à lundi.

Une enquête a été ouverte, a d’ailleurs fait savoir le ministère de l’Intérieur, pour établir notamment les causes de cet incendie. Le HuffPost fait le point sur ce que l’on sait de ce drame.

· Un immeuble en feu à 3 heures du matin

Vers 3h, un feu s’est déclaré dans le parking souterrain d’un immeuble d’habitation de quatre étages, au 87 rue de Landy, à Saint-Denis. L’incendie s’est rapidement propagé aux étages supérieurs, nécessitant l’évacuation de ses résidents, a indiqué la préfecture de police de Paris dans un communiqué publié en fin de matinée. L’intervention a nécessité la mobilisation d’au moins 200 pompiers, selon Le Parisien.

Selon une source policière, le pompier savoyard de 24 ans du centre de secours de La Courneuve a fait un arrêt cardio-respiratoire, intoxiqué par les fumées, alors qu’il luttait contre les flammes. Le jeune militaire « est décédé malgré la prise en charge très rapide de ses équipiers », a tweeté le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Le caporal-chef Damelincourt est mort à 5h45 à l’hôpital d’instruction des armées Percy de Clamart.

À Saint-Denis, près de 70 résidents de l’immeuble ont été évacués avant d’être hébergés dans un gymnase de la ville, a d’ailleurs fait savoir le maire Mathieu Hanotin. « C’était un habitat de logement social de bonne tenue, assez robuste, qui avait déjà connu un incendie en 2015 un peu dans les mêmes circonstances, un feu de parking », d’après l’édile.

· Aucun lien avec les émeutes à ce stade

Selon une source policière, aucun lien n’est établi pour l’heure entre l’incendie sur lequel ce pompier intervenait et les violences urbaines qui agitent de nombreuses villes de France depuis la mort mardi dernier à Nanterre du jeune Nahel, 17 ans, tué par un policier.

« Il ne faut pas faire de lien avec les violences urbaines tant qu’on n’est pas sûrs. Il faut être prudents, on n’en sait strictement rien » sur les circonstances de l’incendie, a affirmé cette même source. « Ce serait trop s’avancer. A priori ce n’est pas le cas, ce n’est pas un quartier touché par les violences urbaines », a abondé une autre source, alors que Beauvau avait demandé dans la matinée de « rester prudent » sur un éventuel lien entre les deux événements.

Une absence de lien confirmée aussi dans la matinée auprès de France Bleu Paris par les sapeurs-pompiers de la capitale. Il n’y a « aucun lien » à ce stade entre le décès de ce pompier dans le cadre de son intervention et les violences urbaines survenues dans la nuit de dimanche à lundi, ont-ils fait savoir.

« Nous intervenons chaque semaine, toute l’année, sur une dizaine de feux de ce type, il ne faut pas confondre concomitance et causalité », insiste encore la BSPP auprès du Parisien.

· Une enquête ouverte

Comme l’indiquait le ministère de l’Intérieur dès l’annonce du décès de ce pompier, une enquête pour « recherche des causes de la mort » a été ouverte par le procureur de la République de Bobigny.

Les investigations s’attacheront à déterminer « l’origine du sinistre et les circonstances exactes du drame ». Toutefois, le parking, inondé, n’est pour l’heure pas accessible aux enquêteurs du service départemental de police judiciaire, à qui l’enquête a été confiée.

Sur place, quelques pompiers et officiers de police judiciaire étaient quand même présents ce lundi matin pour des constatations devant l’immeuble de quatre étages, a observé une journaliste de l’AFP.

· Réactions émues dans le contexte des émeutes

Premier à dévoiler l’information, Gérald Darmanin a évidemment rendu hommage au sapeur-pompier « mort au feu » dans la nuit de dimanche à lundi. Le ministre a d’ailleurs indiqué en conférence de presse à Reims qu’il irait « présider [lui]-même les obsèques de ce jeune caporal-chef ».

« Le caporal-chef Dorian Damelincourt est mort au feu ce matin. Fidèle à la devise de la BSPP, il est allé au bout de son engagement. Nos pensées se tournent aujourd’hui vers sa famille et vers ses frères d’armes durement éprouvés », ont de leur côté écrient les Pompiers de Paris sur leur compte Twitter, en partageant la biographie de leur « frère d’arme ».

« Profonde tristesse suite au décès d’un jeune pompier dans l’exercice de ses fonctions. La République salue l’engagement des sapeurs-pompiers, qui les conduit à “sauver ou périr” », a exprimé la Première ministre Élisabeth Borne sur Twitter, dans un contexte symbolique, compte tenu de l’importante mobilisation des pompiers français pour contenir et éteindre les nombreux incendies provoqués par les violences urbaines depuis la mort de Nahel à Nanterre.

Plus tard dans la journée ce lundi, l’Assemblée nationale a respecté une minute de silence en hommage à Dorian Damelincourt.

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