Mort d’Henri Coindé, «curé de Saint-Bernard»

Le «curé des sans-papiers» est mort. Celui qui a officié en 1996 à l’église Saint-Bernard à Paris, lors de l’occupation du lieu par des sans-papiers, est décédé ce mercredi à Toulon, à l’âge de 85 ans. Il y a un an et demi, pour les 20 ans du mouvement, Libération l’avait rencontré dans son petit appartement du centre de Toulon où il gardait précieusement une pochette orange dans un placard. Elle contenait toutes les coupures de presse de l’été 1996.

Cette année-là, le 28 juin, vers 17 heures, dans le quartier de la Goutte-d’Or à Paris, Henri Coindé avait pris une décision qui marquera la lutte pour la régularisation des immigrés. 300 migrants en situation irrégulière veulent alors occuper l’église Saint-Bernard. Henri Coindé les accueille sans hésiter et s’oppose à l’archevêché, qui juge cette occupation «irresponsable».

Dès le premier jour, il subit la pression de la préfecture, qui lui ordonne d’autoriser l’expulsion. «Ils sont venus plusieurs fois en me disant que je serai tenu responsable en cas de problème, mais ils ont compris que je ne céderai pas.» Lecuré reçoit aussi des menaces. «Ça ne nous faisait pas peur, on tirait notre force dans le fait de constituer un mouvement, un collectif.» Sa vocation fut tardive. Né en Normandie, Henri Coindé intègre à 21 ans la banque Rothschild après des études de commerce. Envoyé en Algérie en 58, il n’est pas «directement confronté à l’horreur» mais en revient «choqué» par la situation coloniale. Un tournant : il intègre le séminaire. «Missionnaire du travail», il côtoie des syndicalistes. Et participe à Mai 68. Avant de devenir, en 1996 et pour toujours, le «curé de Saint-Bernard».



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