La mort d’Elizabeth II rappelle aussi la face sombre de la monarchie

Adulée par certains et détestée par d’autres, la reine d’Angleterre a également provoqué des scènes de liesse après l’annonce de sa mort jeudi 8 septembre.
Toby Melville / REUTERS Adulée par certains et détestée par d’autres, la reine d’Angleterre a également provoqué des scènes de liesse après l’annonce de sa mort jeudi 8 septembre.

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Adulée par certains et détestée par d’autres, la reine d’Angleterre a également provoqué des scènes de liesse après l’annonce de sa mort jeudi 8 septembre.

ROYAUME-UNI - Derrière l’émotion de toute une nation, un sombre passé ressurgit. Si l’émotion et la tristesse se sont emparées du peuple britannique après l’annonce du décès de la reine Elizabeth II, en Irlande du Nord, la disparition de la monarque a été accueillie d’une tout autre manière.

Ce jeudi 8 septembre, ce ne sont pas les cloches qui ont sonné en Irlande du Nord mais plutôt les klaxons. Pour ce territoire rattaché au Royaume-Uni, l’étourdissante annonce de la mort de la reine d’Angleterre avait des airs de fête, comme en témoignent plusieurs scènes observées à Derry.

Dans cette ville, théâtre de violents affrontements entre armée britannique et militants indépendantistes ayant fait 14 morts en 1972, les habitants sont sortis dans la rue pour célébrer cette disparition au son des klaxons de voitures et des chants de célébration, près de 50 ans après le Bloody Sunday.

Ces scènes de liesse ont également été observées à Dublin, au cours d’un match de Ligue Europa entre Shamrock Rovers et Djurgårdens au Tallaght Stadium. Les supporters irlandais ont célébré la mort d’Elizabeth II à l’aide de chants comme « Lizzy in a box » (« Lizzy dans une boîte/un cercueil »), détournement du titre « Give it up » du groupe américain KC & the Sunshine Band.

Derrière les dorures de Buckingham Palace

Un rappel flagrant que la reine et l’institution monarchique ne faisaient pas l’unanimité. D’ailleurs, dans les heures qui ont suivi le décès de la souveraine britannique, l’introduction d’un article du Irish Times publié en mars 2021 a refait surface et en ligne.

« Avoir une monarchie à côté, c’est un peu comme avoir un voisin qui aime vraiment les clowns et qui a recouvert sa maison de peintures murales de clowns, affiche des poupées de clowns dans chaque fenêtre et a un désir insatiable d’entendre et de discuter des actualités liées aux clowns. Plus précisément, pour les Irlandais, c’est comme avoir un voisin qui aime vraiment les clowns mais, en plus, votre grand-père a été assassiné par un clown », écrivait le contributeur et écrivain Patrick Freyne pour ouvrir cet article au sujet de l’union -très médiatique- entre le prince Harry et Meghan Markle.

Sur le trône britannique durant 70 ans, la reine d’Angleterre a traversé les époques ainsi que les crises politiques et sociales qui ont ébranlé une bonne partie du XXe siècle. Après son accession au trône en 1952, la reine a pris la tête du Commonwealth, un groupe d’anciens territoires de l’Empire britannique qui s’étend sur six continents.

Un passé colonial difficile à faire oublier

Et si bon nombre des 56 pays membres du bloc ont obtenu leur indépendance sous le règne d’Elizabeth II, les stigmates de la domination coloniale du Royaume-Uni sont toujours présents pour bon nombre d’entre eux. Dernier exemple en date : cette visite du prince William et Kate Middleton en Jamaïque en mars, où une simple photo du couple princier en tournée dans plusieurs pays du Commonwealth avait suscité une vive polémique.

Sur un terrain de football situé dans le quartier de Kingston, les deux membres de la famille royale avaient provoqué l’indignation après qu’une image les montrant en train de serrer des mains à travers un grillage a été publiée. Et ce, alors même que la visite de Kate et William était tournée autour de l’idée de reconnaissance du passé esclavagiste de l’Empire britannique et du désir d’émancipation vis-à-vis de la couronne britannique.

Un bon nombre d’internautes a également souligné le fait que les richesses engrangées par la famille royale provenaient en grande partie de l’esclavagisme issu du commerce triangulaire durant plusieurs siècles. Tout comme la construction ou la rénovations de certains bâtiments royaux grâce à l’argent de la traite négrière, à l’instar du Palais de Kensington à Londres, la résidence officielle du prince William et de sa femme Kate.

Gage que le sujet est particulièrement important outre-Manche, en 2020 plusieurs établissements bancaires ont demandé pardon pour leurs liens avec l’esclavage.

Soupçons de racisme

Enfin, la séquence sur la prise de distance de Meghan et Harry avec la famille royale n’a pas vraiment arrondi les angles. La mère d’Archie et Lilibet avait dénoncé lors d’une interview avec Oprah des saillies racistes au sein même de la famille royale.

En 2021, une enquête du Guardian avait également mis en lumière les pratiques discriminatoires des institutions de la royauté. Grâce à des documents exhumés par le journal, on apprenait notamment que Buckingham Palace a longtemps interdit (jusqu’aux années 60) aux minorités ethniques d’occuper des fonctions officielles.

Cette enquête levait aussi le voile sur un passe-droit accordé à la cour royale et selon lequel ses membres sont exemptés des lois portant sur la discrimination raciale et sexuelle, ravivant une nouvelle fois les critiques et les débats sur le passé controversé de la couronne d’Angleterre à travers les âges.

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