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Mort de Claude Lorius, l’un des premiers lanceurs d’alerte sur le climat

Claude Lorius, l’un des premiers à avoir établi le rôle du dioxyde de carbone (CO2) dans le réchauffement climatique, est mort mardi 22 mars à l’âge de 91 ans.
Claude Lorius, l’un des premiers à avoir établi le rôle du dioxyde de carbone (CO2) dans le réchauffement climatique, est mort mardi 22 mars à l’âge de 91 ans.

CLIMAT - Il avait compris que les climats passés étaient gravés dans les glaces. Le glaciologue français Claude Lorius, l’un des premiers à avoir établi le rôle du dioxyde de carbone (CO2) dans le réchauffement climatique, est mort mardi 21 mars à l’âge de 91 ans, a-t-on appris ce jeudi 23 auprès de son éditeur et d’un chercheur du CNRS de son entourage.

Ce pionnier des expéditions polaires, qui aura vécu six années en cumulé dans l’Antarctique à partir de sa première mission, en 1957, a contribué à fonder la climatologie, reconstituant les climats du passé grâce à l’étude dans des carottes de glace de bulles d’air piégées au cours de millénaires.

« Eureka »

Né à Besançon le 27 février 1932, Claude Lorius, à peine diplômé, était tombé sur une annonce : « Recherche étudiants pour participer à l’Année géophysique internationale », en Antarctique. Il restera un an, en 1957, dans des conditions extrêmes, à la base Charcot, sur ce continent blanc où il n’aura de cesse de vouloir revenir.

En 1960, le chercheur fait une incroyable découverte lors d’une énième épopée près du pôle Sud. Alors qu’il rentre d’un forage, il se sert un verre de whisky dans lequel il glisse un bout de glaçon vieux de 15 000 ans. En sirotant son breuvage, il aperçoit que des bulles d’air s’échappent à mesure que le glaçon fond. C’est alors qu’un éclair de génie traverse son esprit : et si ce gaz permettait de reconstituer et donc de comprendre le climat passé ?

Eureka : son intuition est juste ! Après une multitude d’analyses, il découvrira que l’on peut lire les changements climatiques du passé dans les glaces. Cette découverte lui permettra également d’établir une corrélation entre l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère et le réchauffement de la planète.

En avance sur son temps

Dès les années 70, il commence d’ailleurs à soupçonner le rôle des activités humaines dans le réchauffement planétaire. En 1977-1978, après trois ans de repérage et dix de préparation, lui et son équipe entament un forage profond du Dôme C, au sud-est de l’Antarctique. Ils creusent jusqu’à 900 mètres de profondeur, prouesse permettant de retracer 40 000 ans d’histoire climatique. En 1984 une mission sur la base russe de Vostok (à 1 500 kilomètres à l’intérieur de l’Antarctique) lui permet de remonter des glaces vieilles de 150 000 ans.

Pouvant ainsi reconstituer un cycle climatique complet, il constate que les courbes de températures suivent des rythmes réguliers, avant de s’emballer en même temps que celles du CO2 depuis le milieu du XIXe siècle et la Révolution industrielle. Ces résultats seront publiés en 1987 dans la revue scientifique Nature.

Le chercheur, membre de l’Académie des sciences, s’emploiera ensuite à mobiliser pour la lutte contre le réchauffement mondial. En 2002, il reçoit la médaille d’or du CNRS avec son confrère et ami Jean Jouzel. Le réalisateur oscarisé Luc Jacquet lui a par ailleurs consacré un film, « La Glace et le ciel ».

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