Mort de Cédric Chouviat : un policier soupçonné déjà mis en cause dans une affaire de violences

Photo d'illustration

En 2018, un homme interpellé par ce policier avait fait un signalement à l’IGPN pour violences, révèle Mediapart. L’enquête est toujours en cours.

Nouvelles révélations dans le cadre de la mort de Cédric Chouviat, lors de son interpellation à Paris en janvier dernier. Mediapart révèle que le principal policier mis en cause dans la mort du livreur à scooter, auteur de la clé d’étranglement, était déjà accusé de violences, dans le cadre de sa fonction.

Les faits remontent à janvier 2018, précise le site d’informations. Les policiers sont appelés pour mettre un terme à une altercation entre une femme et deux hommes dans un hôtel à Paris, sur fond d’alcool. L’un d’entre eux, 32 ans, est menotté, et reçoit des coups de pied au visage et de Taser dans le dos.

“J’ai été tabassé alors que j’étais menotté”

“J’ai été tabassé par des policiers alors que j’étais menotté. Qu’ils m’arrêtent, c’est une chose, mais pourquoi me donner des coups de pied à la tête ou de Taser dans le dos alors que j’étais sur le ventre ? Ensuite, ils m’ont traîné menotté dans les escaliers. C’était tellement violent que je suis arrivé déchaussé au commissariat”, confie la victime, Laurent*, à Mediapart.

Le médecin qui l’examine à l’hôpital diagnostique “un traumatisme crânien, une plaie frontale de quatre centimètres” avec des ecchymoses au visage et sur les membres. Des blessures “compatibles avec les dires et les faits du plaignant”, conclut le médecin qui donne deux jours d’ITT à Laurent.

Son avocat dénonce “l’impunité des policiers”

Suite à ces violences, Laurent effectue un signalement à l’IGPN, qui donne lieu en avril 2018 à l’ouverture d’une enquête pour “violences par personne dépositaire de l’autorité publique”. Une procédure qui est toujours en cours, précise à Mediapart le parquet de Paris.

Malgré les accusations portées contre ce policier, il n’était pas suspendu de ses fonctions. “Les violences commises à l’égard de mon client, cette absence de sanction, interrogent sur l’impunité des policiers et ses conséquences, lorsqu’on sait que l’un des principaux auteurs de ces violences est celui qui, deux ans après, est impliqué dans l’interpellation de Cédric Chouviat”, déplore l’avocat de Laurent, Ilié Negrutiu, qui déplore que de tels faits n’aient pas été sanctionnés, deux ans après.

“Arrogant, il se serait débattu”

Mais pour l’un des policiers présents, la scène ne s’est pas déroulée de la façon présentée par Laurent. Il parle d’un homme “arrogant” qui se serait “débattu”. Interrogé sur la blessure au front de Laurent par l’officier de police judiciaire, il précise : “c’est arrivé quand on se débattait, il a dû se taper la tête contre la table de chevet”.

Lorsque Michaël, le policier également en cause dans la mort de Cédric Chouviat, est interrogé par l’officier de police judiciaire, il maintient cette version, parlant d’un “mis en cause, (qui) s’est de suite montré arrogant à notre égard”, “a refusé le menottage”.

“Ce policier constate les mensonges de ses collègues”

Pourtant, relève l’avocat de Laurent, l’infraction de “rébellion” contre les forces de l’ordre, imputée à Laurent n’a pas été retenue par le parquet. “L’OPJ abandonne cette infraction contre mon client. Individuellement, ce policier constate les mensonges de ses collègues policiers et quelque part les conteste puisqu’il ne les soutient pas dans leur pratique. Mais il n’est pas suivi par l’entité police qui ne prend aucune sanction à l’encontre de ces policiers” déplore Ilié Negrutiu.

Laurent a été condamné à cinq mois de prison, pour violences volontaires avec une incapacité totale de travail (ITT) de deux jours et avec pour circonstance aggravante la consommation d’alcool. Il a fait appel de cette décision. Le policier mis en cause a, dans le cadre de la mort de Cédric Chouviat, été mis en examen et placé depuis juillet sous contrôle judiciaire pour “homicide involontaire”. Il n’a pas été suspendu et continue d’exercer travailler, aucune mesure administrative n’ayant été prise à son encontre.

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