Montée des eaux : les cartes des départements les plus touchés par l’érosion du littoral en 2030, 2050 et 2100

Le littoral submergé par des vagues sur la commune de Wimereux, dans le Pas-de-Calais (photo non datée).
Philippe TURPIN / Getty Images/Photononstop RF Le littoral submergé par des vagues sur la commune de Wimereux, dans le Pas-de-Calais (photo non datée).

ENVIRONNEMENT - « L’équivalent d’un terrain de football disparaît chaque semaine dans notre pays sous l’effet de la progression des océans ». Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a appuyé sur le bouton d’urgence jeudi soir sur TF1, affirmant que certaines zones côtières vont vite devenir inhabitables face à la progression des océans.

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Quelque 500 communes à risques sont d’ores et déjà identifiées et le gouvernement travaille avec les maires pour mettre en place des « plans sur mesure », a-t-il déclaré sur le plateau du 20-Heures, soulignant que « les documents d’urbanisme » allaient être « révisés » sur la base des cartes.

Ces cartes de prévisions ont été publiées ce vendredi 5 avril par son ministère. Elles ont été réalisées par le Centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), en s’appuyant notamment sur des photos aériennes et des données satellites. Reproduites ci-dessous par Le HuffPost, elles indiquent le nombre de logements concernés par la montée des eaux à horizon 2030, 2050 et 2100.

Dans six ans, les départements les plus concernés seront la Seine-Maritime, les Pyrénées-Atlantiques, le Var et la Haute-Corse, avec entre 51 et 123 logements ciblés.

Dans 26 ans, le phénomène s’amplifiera sur toute la Corse et dans le Var. Selon un scénario considéré comme « réaliste » par le Cerema, qui prévoit le maintien en l’état des ouvrages de protection (digues, etc.), 5 208 logements sont concernés, dont près de 2 000 résidences secondaires, pour environ 1,1 milliard d’euros. L’étude identifie également 1 437 locaux d’activité potentiellement touchés, ainsi que 15,5 km de routes structurantes.

Alerte rouge pour le Pas-de-Calais

Enfin dans 76 ans, ce sont le Pas-de-Calais, le Nord, la Vendée et la Charente-Maritime qui verront rouge, avec entre 41 000 et 51 000 logements concernés par la montée des eaux. Au total, dans ce scénario qui part d’hypothèses « défavorables » avec une « disparition complète des ouvrages de protection » et une « inondation progressive de toutes les zones topographiquement basses du littoral », 450 000 logements sont potentiellement ciblés, représentant environ 86 milliards d’euros.

L’étude identifie par ailleurs 53 158 locaux d’activité potentiellement touchés, ainsi que 1 765 km de routes et 243 km de voies ferrées.

La France reste particulièrement vulnérable au recul du trait de côte, limite entre la terre et la mer, qui se déplace sous l’effet de phénomènes naturels (houle, vent), de la hausse du niveau de la mer, et des interventions humaines.

« Il y aura des zones qui seront inhabitables » sur le littoral, dont 20 % sont grignotés par l’érosion côtière, a prévenu Christophe Béchu jeudi soir. Indemnisation, relogement à l’arrière de la commune sur d’autres terrains : « ce sont des solutions qui sont aujourd’hui sur la table », a-t-il souligné en conseillant aux habitants concernés d’aller voir leur maire.

« Cette étude montre qu’il ne faut pas attendre pour s’adapter et que le scénario de l’inaction, celui de 2100, a un impact extrêmement fort tant du point de vue économique que de notre capacité à vivre sur les territoires littoraux », commente de son côté pour l’AFP Sébastien Dupray, directeur « Risques, eaux, mer » du Cerema, rappelant qu’en 50 ans « on a perdu environ 30 km2, soit 4 200 terrains de foot ».

« Il n’y a pas de solution nationale qu’on pourra plaquer partout sur le territoire parce que les côtes de Camargue sont basses et sableuses, tandis que les côtes normandes sont hautes avec des falaises en craie », a-t-il spécifié, soulignant aussi que « le tout digue n’est pas la réponse ».

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