« Mona Lisa, lève-toi ! »

Devant « La Joconde », pas un visiteur ne résiste à sortir son smartphone ! Mais pourquoi ?   - Credit:Soledad Bravi
Devant « La Joconde », pas un visiteur ne résiste à sortir son smartphone ! Mais pourquoi ? - Credit:Soledad Bravi

Quand on est petit, la plaie, au cinéma ou au théâtre, ce sont les grands. J'ignore quelle loi universelle pousse les seconds à immanquablement s'asseoir pile devant les premiers, mais pour ma part, chaque fois qu'un colosse se profile dans une salle de spectacle, je sais qu'il sera pour ma pomme, que je ne verrai plus la scène ou l'écran qu'au prix d'agaçantes contorsions. Or, cette nuisance n'est rien comparée au nouveau fléau qui sévit au musée : impossible aujourd'hui de contempler une œuvre sans que deux, trois, dix smartphones n'encombrent notre champ de vision. Les gens ne regardent plus les tableaux. Ils les photographient.

Observant l'autre jour, au musée d'Orsay, un visiteur dégainer son portable devant chaque toile, chaque dessin, sans même un petit temps de contemplation préalable, exclusivement concentré non pas sur l'œuvre qu'il avait sous les yeux mais sur le cadrage, le zoom, les filtres de son smartphone, je me suis dit que nous étions tous, vraiment, en train de devenir fous.

L'écrasante majorité des œuvres présentes dans nos musées sont déjà reproduites sur Internet. Elles sont là, numérisées, immatérielles et à la portée de tous. L'intérêt de se déplacer, de payer son entrée au musée et d'affronter la foule qui s'y presse est précisément de les voir en « vrai ». Et c'est d'ailleurs toujours un petit choc, une surprise, une émotion tant le tableau réel diffère en général de l'idée que l'on s'en fait. Or, plutôt que d'en détailler avidement [...] Lire la suite