Monique Olivier raconte enfin ce qui est arrivé à Estelle Mouzin, lors d’un interrogatoire laborieux

Monique Olivier, ex-femme du tueur en série Michel Fourniret, assise dans la salle d’audience lors de son procès à la cour d’assises de Nanterre, en banlieue parisienne, le 28 novembre 2023.
MIGUEL MEDINA / AFP Monique Olivier, ex-femme du tueur en série Michel Fourniret, assise dans la salle d’audience lors de son procès à la cour d’assises de Nanterre, en banlieue parisienne, le 28 novembre 2023.

JUSTICE - « Ce que j’aurai dû faire, c’est l’emmener loin d’ici ». Ce jeudi 14 décembre marque le premier interrogatoire de Monique Olivier, l’ex-épouse du tueur en série Michel Fourniret, sur la disparition d’Estelle Mouzin, la plus jeune de ses victimes, enlevée le 9 janvier 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne). Après deux décennies de fouilles, son corps n’a toujours pas été retrouvé.

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Cet interrogatoire intervient alors que Monique Olivier est actuellement jugée pour complicité dans l’enlèvement et le meurtre de la fillette de neuf ans, en plus de deux autres affaires, les enlèvements, tentative de viol ou viol et meurtres de Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish.

« Je ne voulais pas admettre »

L’audition de Monique Olivier a commencé laborieusement jeudi matin devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine, alors que l’accusée a affirmé ne pas savoir « pourquoi » elle n’a pas sauvé la fillette, selon les comptes rendus publiés par plusieurs médias dont TF1 et l’Agence France-Presse.

« Les parents, la famille d’Estelle Mouzin, veulent savoir ce qu’ont été les derniers instants, ce qu’a été son calvaire. Fourniret étant mort, vous êtes la seule à le savoir. Je vous demande de ne pas leur refuser cette vérité », commence le président face à celle qui est jugée pour complicité d’enlèvement et meurtre de la fillette de neuf ans. Monique Olivier acquiesce.

« Pourquoi jusqu’en 2019, 2020, avez-vous toujours nié les crimes d’Estelle Mouzin, même lorsque vous étiez interrogée dessus ? », demande-t-il d’abord. « Je ne sais pas, je ne voulais pas admettre… Elle était petite, et quand je l’ai vue, je ne voulais pas admettre que c’était vrai… », lui répond l’ex-femme de Michel Fourniret. Puis elle déroule péniblement les faits, à coups de questions et de relances.

Alors que sa cliente bredouille et tremble, Me Richard Delgenès - son conseil - supplante brièvement le président pour l’interroger avec l’accord de toutes les parties, contrairement à ce qui est d’usage en cour d’assises. « Remettez-vous, à quel moment vous voyez Michel Fourniret » le soir de l’enlèvement d’Estelle le 9 janvier 2003, « essayez de reprendre ! » l’admoneste-t-il. « Le but c’est d’avancer, on ne va pas reculer maintenant, allez ! »

« Il a peut-être changé déplacé le corps »

Puis Monique Olivier répond, et évoque le 9 janvier 2003, quand Michel Fourniret lui demande d’aller surveiller Estelle. « J’étais révoltée, choquée, quand j’ai vu cette petite fille, je n’ai même pas osé lui parler tout de suite », se souvient-elle. « Je lui ai parlé un tout petit peu. Elle m’a dit qu’elle voulait voir sa maman, je lui ai dit qu’elle allait bientôt la voir… », tout en sachant qu’elle lui mentait. « Ça me faisait de la peine, évidemment, ce que j’aurai dû faire c’est l’emmener loin d’ici ».

« Mais la peine que vous aviez ne vous a pas conduit à la faire partir, c’est-à-dire à la sauver ? » demande le président Didier Safar, visiblement exaspéré. Elle hésite, répète qu’elle ne « sait pas pourquoi (elle) ne l’a pas fait », puis laisse un long silence. Avant d’indiquer que la fillette était habillée, n’avait pas eu à manger. Michel Fourniret ne lui a « pas dit s’il avait obtenu ce qu’il voulait » et elle ne s’est « pas posée (de) question » quand « l’ogre » lui demande de passer un coup de téléphone à son fils aîné pour se constituer un alibi le soir de l’enlèvement.

Le 11 janvier, Monique Olivier amène à Michel Fourniret une pelle et une pioche, puis le dépose dans le bois d’Issancourt, où il emporte le corps de l’enfant pour l’enterrer. « Mais quel endroit, je ne sais pas, il l’a peut-être changé de place… ». « Pourquoi avoir parlé du bois d’Issancourt ? », lui demande alors le président. « Je ne sais pas, je suis aussi ennuyée que tout le monde… », souffle l’accusée. « Je reconnais tout, mais faut pas croire que je le suivais par gaîté de cœur. J’obéissais, c’est tout », ajoute-t-elle. « Je préfère la prison à être avec lui. »

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