Monique Olivier convoquée dans la disparition de Lydie Logé, une autre affaire liée à Michel Fourniret

Monique Olivier lors de son procès devant la cour d’assises de Nanterre, le 28 novembre.
MIGUEL MEDINA / AFP Monique Olivier lors de son procès devant la cour d’assises de Nanterre, le 28 novembre.

JUSTICE - Le nom de Lydie Logé, une jeune femme disparue il y a plus de trente ans, va-t-il s’ajouter à la liste des victimes de Michel Fourniret ? La justice espère obtenir de nouveaux éléments, ce lundi 11 mars, pour répondre à cette question. L’ex-épouse du tueur en série, Monique Olivier, condamnée à la perpétuité en décembre pour complicité dans trois meurtres et enlèvements, doit être entendue dans cette affaire au pôle « cold cases » du tribunal de Nanterre, selon les informations de plusieurs médias, dont France 2 et RTL.

Le procès de Monique Olivier, un « test grandeur nature » pour le pôle « cold cases » du tribunal de Nanterre

Selon une source interrogée par BFMTV, ce rendez-vous avec la juge d’instruction Sabine Khéris est avant tout « une reprise de contact » avant d’éventuels autres interrogatoires sur ce dossier dans les prochaines semaines. Contacté par Le HuffPost, le pôle national des crimes sériels ou non élucidés (PCSNE) n’a pas souhaité confirmer la tenue de cet interrogatoire.

Michel Fourniret : « Son visage me dit quelque chose »

Lydie Logé, 29 ans et mère d’un garçon de sept ans, disparaît le 18 décembre 1993 à Saint-Christophe-le-Jajolet, un petit village de l’Orne. La jeune femme, qui vit seule depuis sa séparation du père de son enfant, se volatilise à son retour chez elle, après être allée faire des courses de Noël en compagnie d’une amie, dernière personne à l’avoir vu vivante. Sa mère et sa tante l’ont eue au téléphone vers 19 heures ce soir-là. Mais la documentaliste ne répond pas lorsque sa sœur l’appelle vers 21 heures. Sa voiture est restée garée devant chez elle. Le corps de Lydie Logé n’a jamais été retrouvé.

« Elle ne serait pas partie sans son fils, elle ne serait pas partie sans nous le dire », assurent les sœurs de Lydie, Sophie et Virginie Logé, dans un appel à témoins lancé sur RTL en juin 2023. « Il y a des gens qui ont vu ou entendu. Même un petit détail de rien du tout, des fois ça peut nous guider énormément […] De toute façon, on sait bien qu’on ne va pas la retrouver vivante. Mais dites-nous », implorent-elles.

Deux enquêtes sont successivement ouvertes, l’une de 1994 à 1998 et l’autre de 2004 et 2009. Chaque fois, la justice prononce un non-lieu, en l’absence de témoin ou de tout élément matériel. Les investigations sont finalement relancées en 2019 après un rebondissement majeur : des rapprochements sont établis entre des traces ADN retrouvées dans la camionnette de Michel Fourniret et l’ADN de la mère de Lydie Logé.

À cette époque, le tueur en série vit pourtant à Sart-Custinne, en Belgique. Mais plusieurs éléments pourraient le rapprocher de l’Orne. D’abord, son fils Nicolas (mort en 1995 dans un accident de travail) a vécu dans le département à une époque proche, rapporte Le Parisien. Une femme a également indiqué aux enquêteurs avoir été abordée par le couple en 1990 dans une commune proche de Saint-Christophe-le-Jajolet. « Ce témoignage démontre que le couple Fourniret-Olivier a pu sévir dans la région du lieu de disparition de Lydie Logé », indique une synthèse de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), selon le quotidien.

Placé en garde à vue en novembre 2019, le tueur en série est confronté à une photo de la jeune femme. « Son visage me dit quelque chose, lance Michel Fourniret, habitué des déclarations sibyllines, comme le raconte Le Parisien. Je ne crois pas que cela puisse être quelqu’un d’autre que moi qui aie mis fin à son parcours de vie. »

Lors d’une perquisition dans la cellule de Michel Fourniret, la juge Sabine Khéris trouve un document écrit évoquant les carrières de Tinchebray, situées à quelque 70 kilomètres de Saint-Christophe-le-Jajolet. « Pas impossible que j’aie déposé un corps là-bas », répond-il à ce sujet, toujours selon Le Parisien.

Monique Olivier mise en examen pour complicité

Le 22 décembre 2020, Michel Fourniret est mis en examen pour « enlèvement et séquestration suivis de mort ». Monique Olivier est quant à elle poursuivie pour complicité. « L’ogre des Ardennes » meurt quelques mois plus tard, en mai 2021. Comme dans les trois dossiers jugés en décembre 2023, c’est désormais sur l’ex-épouse, entendue dès 2019 dans cette affaire, que repose l’espoir de la famille de savoir ce qui est arrivé à Lydie Logé.

Ses proches attendent « d’avoir des éléments complémentaires sur le scénario, les conditions dans lesquelles elle a été enlevée, ou séquestrée et tuée, explique au HuffPost Me Corinne Herrmann, avocate de la famille de la disparue. Ils ont suivi de près le procès à Nanterre [fin 2023, ndlr] et veulent eux aussi avoir des réponses. »

« Je ne suis pas convaincu que ma cliente participe à nouveau, accepte de répondre, de se retrouver à nouveau dans un procès dans lequel on dit qu’elle est pire que Michel Fourniret », prévient de son côté l’avocat de Monique Olivier, Me Richard Delgenes, interrogé par France 2. Sa cliente, âgée de 75 ans et « condamnée à la prison à vie », « n’a rien à gagner à y participer », estime-t-il.

Si la responsabilité de Michel Fourniret ou du couple qu’il formait avec Monique Olivier est formellement établie dans la disparition de Lydie Logé, il s’agira de la première affaire ayant eu lieu lors de la « décennie blanche », entre 1990 et 2000. Une période durant laquelle aucun crime n’a été imputé au violeur en série, alors qu’il a tué avant et après.

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