Monaco: "On doit avoir pour but de se qualifier pour la Ligue des champions", l'intégrale de l'interview de Thilo Kehrer dans Rothen s'enflamme

Jean-Louis Tourre - Thilo Kehrer, le défenseur de l’AS Monaco, est dans Rothen s’enflamme!

Jérôme Rothen - Bienvenue dans l’émission Thilo! C’est un plaisir de te retrouver dans notre championnat de France. Tu n’as pas perdu ton français?

Thilo Kehrer - Salut, merci beaucoup. Non, le français je ne l’ai pas perdu, je l’ai toujours.

Jérôme Rothen - C’est toujours aussi impressionnant! Je te félicite, parce qu’en général les joueurs étrangers ont du mal à s’identifier à la France et à parler français assez vite. Bravo pour cet entretien en français! Pour parler un peu plus du terrain, tu retrouves le championnat de France. J’imagine que ça te rappelle de bons souvenirs avec le Paris Saint-Germain.

Oui, ça me rappelle de bons souvenirs, j’ai pris de l’expérience. Sur les quatre années où j’étais là, on a remporté la Ligue 1 trois fois, il y a beaucoup de bons souvenirs pour moi.

Jérôme Rothen - Comment expliques-tu le fait que tu sois prêté par West Ham, où t’as très peu joué sur les six derniers mois?

Je suis parti à West Ham l’été dernier et la première année s’est très bien passée: je me suis habitué à la Premier League, au club et j’ai joué beaucoup de matchs. Cette saison, l’entraîneur de West Ham a changé son style de choix d’équipe, de jeu, et du coup je n’étais plus le premier choix. Je me suis retrouvé avec moins de temps de jeu. C’est pour cela que j’ai décidé de faire de nouvelles choses, et je suis ravi d’avoir trouvé l’AS Monaco. On a eu de bonnes conversations, on a bien discuté. C’est un grand club avec un projet qui est très intéressant pour moi.

Jérôme Rothen - T’es prêté avec une option d’achat (autour de 11,5 millions d’euros). Est-ce que tu te projettes un peu plus loin que ces quatre mois? Ou est-ce que tu te consacres d’abord à cette deuxième partie de saison et tu verras après?

D’abord, mon focus est vraiment d’être ici au quotidien avec l’équipe, de m’installer le plus rapidement possible, de connaître le style de jeu, le coach, les attentes, les coéquipiers, de m’intégrer, d’avoir une bonne deuxième partie de saison avec la nouvelle équipe.

"Je suis un défenseur central"

Jérôme Rothen - Quand on est prêté comme ça en cours de saison, il y a forcément une discussion avec le staff technique et le coach. Est-ce qu’ils t’ont donné une certitude sur ton positionnement? Je t’ai vu sur le match de ce week-end, t’as joué central gauche. Ce sera cette position? Ou bien vas-tu retrouver le côté droit, comme t’avais fait très souvent avec le PSG?

On a eu des discussions sur la composition, sur mon positionnement. Comme il y a la situation avec la Coupe d’Afrique des nations et la Coupe d’Asie, on avait parlé de ça. Parce qu’il y a des absents, on devrait s’adapter en termes de positionnement. Mais quand tout le monde sera disponible, je pense que je vais me retrouver à jouer un peu plus dans l’axe ou à droite dans la défense à trois.

Jean-Louis Tourre - À Paris, tu as été critiqué. Ça n’a pas été un frein au moment de revenir en France? Tu n’as pas eu peur d’être dans une certaine catégorie, d’avoir une étiquette?

Pour moi, c’était plutôt le contraire. Bien sûr, il y avait des périodes un peu plus difficiles. J’avais 21 ans quand je suis parti d’Allemagne, parti dans un grand club comme le PSG avec de grands objectifs, avec des attentes très hautes, un niveau très haut aussi. Cela m’a fait apprendre beaucoup. Même les périodes plus dures, où je n’arrivais pas à montrer le niveau que j’ai, ça m’a fait apprendre et j’ai pris de l’expérience. C’était nécessaire de connaître ces périodes, ces critiques aussi. Expérimenter ça, c’était une première dans ma carrière. Je peux dire aujourd’hui que ça m’a énormément aidé.

Jérôme Rothen - Je me souviens aussi des critiques, j’en faisais partie, je ne me cache pas. Les critiques, c’était souvent quand tu jouais au poste de latéral droit. C’est comme ça que tu joues la finale de la Ligue des champions. Quand tu as été pris d’Allemagne, c’est en tant que joueur d’axe. Est-ce qu’avec l’expérience, tu n’as pas forcément envie de jouer au poste de latéral droit mais plutôt dans l’axe?

Ça m’a fait apprendre que, à la base, j’ai toujours été un défenseur central et je le suis aujourd’hui aussi. Bien sûr que je suis polyvalent, je peux m’adapter à différentes positions. Mais j’ai appris aussi que dans certaines situations, certaines équipes, certains moments, le fait de s’adapter à différents postes peut causer des problèmes ou des difficultés que tu n’as pas si tu joues tout le temps au même poste. Je sais aujourd’hui que je suis un défenseur central, que ce soit dans une défense à quatre ou à trois. Je peux jouer comme latéral droit, mais ce n’est pas mon poste préféré, pas le poste où je peux montrer mes qualités de la meilleure façon.

"Je suis sûr qu’on va avoir de très bons résultats avec ce collectif "

Jérôme Rothen - En plus, pour montrer tes qualités, j’imagine que, lorsque tu vas reprendre du temps de jeu, automatiquement il y a quelque chose que tu dois avoir dans la tête: l’Euro qui va se passer en Allemagne. Tu n’a pas été appelé depuis plusieurs mois, parce que tu ne jouais pas avec West Ham. Dans un coin de ta tête, as-tu la possibilité de réintégrer une Allemagne qui est décevante?

Avec la sélection d’Allemagne, ces dernières années malheureusement on n’a pas eu beaucoup de tournois qui se sont passés positivement pour nous. Tout le monde est conscient de ça. Je suis aussi conscient qu’avec de bonnes performances, du temps de jeu, des bons résultats avec l’équipe, je renforce moi aussi mes chances de retour en sélection.

Jean-Louis Tourre - Il y aura un France-Allemagne en mars, lors du prochain rassemblement. Et comme on note les dates, il y a aussi un Monaco-PSG le 3 mars. Et puis le prochain match en championnat est costaud: c’est Marseille. Est-ce qu’on peut parler des ambitions de Monaco d’ici la fin de saison? Jérôme, tu n’arrêtes pas de dire que Monaco devrait jouer le titre ou le haut de tableau.

Jérôme Rothen - Thilo, tu as du te rendre compte que l’effectif est de qualité. J’imagine que tu viens avec des objectifs très élevés collectivement. Est-ce qu’on t’as dit ce que recherchait Monaco? Une place en Ligue des champions?

Avant de choisir de venir ici en prêt en janvier, j’ai regardé les matchs de l’équipe, j’ai regardé l’effectif, j’ai vu une équipe avec beaucoup de qualités, jeune, mais aussi avec un style de jeu excitant, agressif, vers l’avant, beau à voir, où ça prend des risques. C’est pour ça, et c’est mon avis, qu’avec cette équipe on doit avoir pour but de se qualifier pour la Ligue des champions. Comme équipe, on a le but de jouer en Europe. Vu la qualité d’équipe, on sait qu’aller en Ligue des champions est quelque chose de possible avec Monaco.

Jérôme Rothen - Pour se qualifier, il faut une personnalité différente, un caractère différent… Tu t’es rendu compte que la pression extérieure à Monaco n’existe pas trop, mais que ça se transmet à l’intérieur du club et du vestiaire que ça se trasmet. C’est important d’avoir des joueurs d’expérience comme toi et d’autres pour faire monter la sauce avec ces jeunes joueurs. J’ai l’impression que l’AS Monaco a trop souvent tendance à s’endormir.

Comme équipe, avec le staff, on travaille sur trouver une identité où tout le monde s’accroche à ça. C’est important d’avoir l’expérience, de créer une mentalité où tout le monde a faim de gagner, de progresser, d’aller vers l’avant. Si on arrive à créer ça, de plus en plus, je suis sûr qu’on va avoir de très bons résultats avec ce collectif.

Jérôme Rothen - J’ai l’impression, contrairement à l’année dernière, que le coach est totalement dans cet état d’esprit, qu’il a énormément de qualités et qu’il est capable de vous faire passer ce cap.

C’est tout à fait ce que le coach veut ramener, ce qu’il attend de ce groupe, de chacun qui est ici. Chacun a un impact sur l’équipe et chacun doit se battre. C’est avec cet esprit que l’équipe va ramener des victoires.

Jérôme Rothen - Et puis, c’est bien mieux de vivre à Monaco qu’à Londres non?

Non, je ne dirais pas ça! Pour les villes, pour la vie, je pense qu’il y a des avantages des deux côtés et des choses moins bien.

Article original publié sur RMC Sport