Moldavie: les séparatistes de Transnistrie demandent la "protection" de la Russie

Les autorités de la Transnistrie, une région séparatiste prorusse de Moldavie, ont demandé mercredi à la Russie des "mesures de protection" face à la "pression" présumée de Chisinau, sur fond de tensions exacerbées par le conflit en Ukraine voisine.

Les députés de ce territoire se sont réunis à Tiraspol en congrès extraordinaire, le premier depuis 2006, et ont adopté une déclaration.

Dans ce texte, cité par les agences de presse russes, il est réclamé au Parlement russe de "mettre en oeuvre des mesures pour protéger la Transnistrie", où vivent "plus de 220.000 citoyens russes", face à une "pression accrue de la part de la Moldavie".

Appel similaire à celui des séparatistes ukrainiens

La Transnistrie est confrontée à des "menaces sans précédent de nature économique, socio-humanitaire et militaro-politique", est-il ajouté dans cette déclaration, sans précisions sur l'aide souhaitée.

Cette demande rappelle celle similaire des séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine, en février 2022, qui avait été l'un des prétextes mis en avant par Vladimir Poutine pour déclencher une attaque de grande ampleur contre l'Ukraine.

Au même moment, le président ukrainien Volodymyr Zelensky appelait les dirigeants de pays de l'Europe du Sud-Est, réunis en Albanie pour un sommet, à fournir un soutien accru à son pays, en manque de munitions, face à la Russie qui grignote du terrain sur le front.

Droits de douane

Étroite bande de terre située entre la Moldavie et l'Ukraine, la Transnistrie a fait sécession après une courte guerre en 1992 contre l'armée moldave. La Russie y maintient toujours 1.500 militaires censés notamment assurer une mission de maintien de la paix, selon les chiffres officiels.

Mais depuis l'assaut russe de février 2022 contre Kiev, des conjectures ressurgissent régulièrement quant à une éventuelle attaque russe à partir de la Transnistrie en direction de la grande ville portuaire ukrainienne d'Odessa, sur la mer Noire.

Les autorités séparatistes ont fait savoir que le congrès de mercredi, auquel participaient 620 députés, était une réaction à la récente introduction de droits de douane par Chisinau sur les importations en provenance de Transnistrie.

Les séparatistes dénoncent une "politique de génocide"

Dans son discours, le président local Vadim Krasnosselski, cité par les médias, a assuré que ce territoire subissait "une politique de génocide", via des pressions économiques, "physiques", juridiques et linguistiques.

Dans cette résolution, les députés s'adressent également à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), au Parlement européen, à la Croix-Rouge et enfin au secrétariat général de l'ONU, les exhortant à empêcher "des provocations" pouvant conduire à "une escalade des tensions".

Le gouvernement moldave a de son côté déclaré plus tôt mercredi que "les choses semblaient calmes", affirmant qu'"il n'y a aucun risque d'escalade" malgré cette "nouvelle campagne visant à créer l'hystérie au sein de la société".

C'est la première fois qu'un tel congrès avait lieu depuis 2006, quand les députés séparatistes avaient justement décidé d'organiser un référendum sur une intégration de la Transnistrie à la Russie. Au cours de ce scrutin, dont le résultat n'a pas été reconnu internationalement, la population locale avait voté à 97,1% pour son rattachement à ce pays.

La crainte d'un élargissement du conflit

Depuis le début de l'assaut russe en Ukraine il y a deux ans, les craintes d'un élargissement du conflit à la Transnistrie ont rejailli à plusieurs reprises. L'an passé, les autorités de cet État autoproclamé avaient notamment accusé Kiev de vouloir l'attaquer après avoir affirmé avoir déjoué en mars un attentat ayant visé ses dirigeants.

Le ministère russe de la Défense a encore assuré la semaine dernière, sans présenter de preuves, que l'Ukraine préparait une "provocation armée" contre la Transnistrie.

Comptant officiellement 465.000 habitants majoritairement russophones, ce petit territoire qui longe le Dniestr n'est pas reconnu en tant qu'Etat par la communauté internationale, y compris par Moscou.

Chisinau et l'Union européenne reprochent régulièrement à la Russie de chercher à déstabiliser la Moldavie, anciennement dans sa zone d'influence mais dont les autorités sont désormais résolument tournées vers l'Europe.

En décembre 2023, l'UE a décidé d'ouvrir des négociations d'adhésion à la fois avec l'Ukraine et avec la Moldavie.

Article original publié sur BFMTV.com