Moins de violences à Ferguson, la mobilisation s'étend

par Ellen Wulfhorst et Edward McAllister et Daniel Wallis L'indignation suscitée par le classement judiciaire de l'affaire Michael Brown a donné lieu à plusieurs dizaines d'arrestations dans la nuit de mardi à mercredi aux Etats-Unis, mais les émeutes ont été moins violentes que la veille à Ferguson, dans le Missouri, où ce jeune noir de 18 ans a été tué en août par un policier blanc. Des manifestations ont notamment eu lieu à Boston, à New York, à Los Angeles et à Atlanta, tandis que de nouveaux heurts éclataient dans cette petite ville d'un peu plus de 20.000 habitants dans la banlieue de Saint-Louis. Deux mille membres de la Garde nationale y ont été déployés pour aider la police à ce que les pillages et les incendies de la veille ne se répètent pas. Entre mardi soir et mercredi matin, la police de la ville dit avoir procédé à 45 arrestations pour des délits mineurs. Les manifestants étaient moins nombreux et mieux encadrés que la veille, souligne-t-elle. Une douzaine de commerces avaient alors été incendiés, d'autres ont été pillés et des coups de feu ont retenti lors d'affrontements forces de l'ordre et manifestants qui ont donné lieu à une soixantaine d'arrestations. "Globalement, c'était une nuit nettement meilleure", a estimé Jon Belmar, chef de la police du comté de Saint-Louis, ajoutant que les incendies et les coups de feux avaient été rares et que les violences n'étaient imputables qu'à un petit groupe d'individus. A Boston, où un millier de personnes se sont rassemblées, la police fait également état mercredi de 45 arrestations. A New York, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz au poivre pour disperser la foule qui tentait de bloquer le Lincoln Tunnel et de marcher sur Times Square et ont procédé à dix interpellations. Un commissariat de Los Angeles a été la cible de jets de bouteilles et de divers projectiles et des manifestants ont tenté de dresser des barricades sur une voie rapide du centre. Vingt-quatre personnes ont par ailleurs été arrêtées à Atlanta en marge d'une manifestation qui s'est globalement déroulée dans le calme. "CONSCIENCE TRANQUILLE" Barack Obama, qui avait demandé lundi soir aux Américains de "respecter" la décision du grand jury, a invité mardi soir ses compatriotes à engager un débat "constructif" sur les tensions raciales et le maintien de l'ordre aux Etats-Unis en réponse au drame de Ferguson, tout en promettant la fermeté contre les fauteurs de troubles. Dans une interview accordée à ABC News en partie diffusée mardi, Darren Wilson, le policier qui a tué Michael Brown, dit avoir la "conscience tranquille" et estime avoir "effectué son travail dans les règles". Selon les documents diffusés par les procureurs, Wilson, temporairement suspendu depuis le drame, a déclaré au grand jury qu'il s'était senti en danger de mort, plaidant ainsi la légitime défense. "Je me suis senti comme un enfant de cinq ans s'accrochant à Hulk Hogan (ndlr, une légende du catch américain)", a-t-il déclaré aux douze jurés. Michael Brown a été touché de six ou sept balles, dont la dernière à la tête. (Avec l'ensemble des rédations américaines; Jean-Philippe Lefief pour le service français)