"A moins de 13 ans, on ne doit pas se balader seul la nuit": le maire de Cagnes-sur-Mer met en place un couvre-feu depuis 20 ans
"J'estime que quand on a moins de 13 ans, on ne doit pas se balader seul la nuit", assure Louis Nègre, maire (LR) de Cagnes-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes. Face à une recrudescence de la délinquance dans la zone de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a ordonné mercredi 17 avril la mise en place d'un couvre-feu pour les mineurs.
Alors que plusieurs actes de violences commis ou subis par des mineurs, dont certains ont entraîné des morts, ont émaillé l'Hexagone au cours des dernières semaines (Shemseddine, tué à 15 ans à Viry-Châtillon, Zakaria, tué à 15 ans à Romans-sur-Isère, Philippe, tué à 22 ans à Grande-Synthe avant qu'un cousin d'un agresseur présumé ne soit violemment agressé, Samara, violemment agressée à 13 ans à Montpellier...), certains responsables politiques interrogent la pertinence de la mise en place d'un couvre-feu pour les mineurs, à l'instar de la décision prise par le gouvernement en Guadeloupe.
Les parents "susceptibles d'être pénalisés"
À Cagnes-sur-Mer, un arrêté est pris par le maire depuis 20 ans à chaque début du printemps et pour tout l'été. Il interdit aux mineurs de moins de 13 ans de circuler la nuit dans trois quartiers de la ville de 53.000 habitants.
"Le but de la démarche, c'est pas de dire à un gosse, à 8 ans, de pas sortir. C'est les parents qui sont responsables" et ils sont "susceptibles d'être pénalisés. Le Code pénal est là pour ça, le procureur de la République, le parquet...", explique Louis Nègre.
Vantant un résultat "très positif", l'élu explique que le dernier cas de non-respect de l'arrêté enregistré par les forces de l'ordre sur la commune remonte à 2011. Difficile toutefois de savoir si la mise en application de l'arrêté a effectivement permis de faire baisser la circulation nocturne des mineurs de moins de 13 ans dans les quartiers concernés.
"Tant que nous ne traiterons pas les causes, il faudra beaucoup d'arrêtés couvre-feu et de rappels à l'ordre pour gérer", reconnaît par ailleurs le maire.
Selon un rapport sénatorial réalisé sur la période 2016-2019, le nombre de mineurs mis en cause par les forces de l'ordre est stable. Les atteintes aux biens sont toutefois en baisse, alors que les atteintes aux personnes augmentent. De manière générale, "les jeunes de 10 à 24 ans représentent 36% des auteurs présumés d’infractions, bien qu’ils ne constituent que 21 % de la population de 10 ans et plus", selon une étude de l'Insee citée par Anthony Caillé, secrétaire général CGT Intérieur-Police.