Mohand Dendoune, visage des chibanis, s'en est allé

Portrait de Mohand Dendoune.

Portraitisé par un artiste sur un immeuble de Malakoff, il est mort vendredi à 91 ans.

Vendredi, Mohand Dendoune s’est éteint à l’âge de 91 ans et c’est un nom et un visage que vous avez lu ou entendu, ici ou là, lorsque est évoquée l’histoire des chibanis («cheveux blancs» ou «retraités» en arabe), les travailleurs maghrébins de la première génération. Nadir Dendoune, son fils, écrivain et journaliste, a largement raconté la vie de ses parents, installés à L’Ile-Saint-Denis depuis toujours, au travers de ses œuvres. Au point qu’un artiste décide, il y a trois ans, de peindre le visage de Mohand Dendoune sur un immeuble de Malakoff, dans la petite couronne parisienne. Celui-ci s’est appuyé sur une photographie (récompensée par le prix World Press) prise par Jérôme Bonnet au cours d’un portrait que Libération avait consacré au fils (en décembre 2009), lequel avait bouclé à l’époque – et entre autres – une ascension de l’Everest.

La fresque représentant Mohand Dendoune sur un immeuble de Malakoff, à partir d’une photo de Jérôme Bonnet pour Libération. (Photo Nadir Dendoune)

Mohand Dendoune est né en 1928 en Algérie, dans un village de Kabylie. Il avait rejoint la France vingt-deux ans plus tard, où il fut d’abord ouvrier chez Renault avant d’être embauché comme jardinier dans un centre hospitalier. Son fils nous disait alors : «Il est venu sans visa, l’Algérie était française. C’est comme s’il avait quitté la Corrèze pour venir à Paris… J’ai quelques images de lui allant bosser. Il se barrait à 5 heures du matin avec sa petite gamelle. Ça me fait marrer quand je me souviens de Sarkozy parlant de la France qui se lève tôt. Il faut voir la gueule qu’elle a, la France, à 5 heures du matin dans le métro. Elle est vachement bronzée, au petit matin. Mon père n’a jamais eu aucune reconnaissance. Moi, je trouve que c’est un héros français.»

A lire aussi Le portrait que Libération consacrait à Nadir Dendoune, son fils, en 2009



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