Mohamed Morsi fait appel de sa condamnation à 20 ans de prison

LE CAIRE (Reuters) - L'ancien président égyptien Mohamed Morsi va faire appel de sa condamnation à vingt ans de prison incompressibles pour des faits commis lors de la mort de manifestants en décembre 2012, ont annoncé jeudi ses avocats, cités par des médias officiels. Mohamed Morsi, qui fut le premier président démocratiquement élu en Egypte, en juin 2012, a été condamné en avril à cette peine de prison pour des chefs d'accusation d'enlèvements et de tortures. Douze autres cadres des Frères musulmans, dont le secrétaire général de la confrérie, Mohamed el Beltagy, et l'ancien parlementaire Essam el Erian, ont été condamnés à la même peine. Les procureurs accusaient Mohamed Morsi d'avoir, avec d'autres dirigeants des Frères musulmans, encouragé des violences qui ont abouti à la mort de manifestants en décembre 2012, dans les semaines ayant suivi la publication d'un décret élargissant ses prérogatives de chef de l'Etat. L'ex-président rejette ces charges et continue de voir dans sa destitution, survenue après des manifestations massives contre son exercice du pouvoir, un coup d'Etat. Mohamed Morsi a été renversé par le chef d'état-major de l'armée, Abdel Fattah al Sissi, qui s'est depuis fait élire à la présidence du pays et a mené une répression implacable contre les Frères musulmans tout en bénéficiant du soutien de nombreux Égyptiens avides de stabilité. La confrérie dit prôner une résistance pacifique mais a été bannie et qualifiée en décembre 2013 d'organisation terroriste par le nouveau pouvoir. La répression s'est étendue aux autres voix discordantes, dont plusieurs figures de proue de la "révolution du Nil" qui a conduit à la chute du président Hosni Moubarak en février 2011. Mohamed Morsi est poursuivi dans plusieurs autres dossiers. Il a été condamné à mort pour son implication dans une évasion collective durant le soulèvement de 2011 contre Hosni Moubarak. Il est également accusé d'avoir conspiré avec le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais pour commettre des violences dans la péninsule du Sinaï après sa destitution, et d'avoir divulgué des secrets d'Etat à l'émirat du Qatar, son allié lorsqu'il était au pouvoir. (Omar Fahmy et Mahmoud Mourad, Nicolas Delame pour le service français)