Mohamed Amra en fuite depuis un mois après l’évasion d’Incarville : où en est l’enquête ?

Cette image non datée et diffusée par Interpol montre le déténu Mohamed Amra, en fuite depuis le 14 mai et recherché en France et à l’étranger.
Cette image non datée et diffusée par Interpol montre le déténu Mohamed Amra, en fuite depuis le 14 mai et recherché en France et à l’étranger.

FAITS DIVERS - « Plusieurs centaines d’enquêteurs sont sur ce dossier. » Un mois s’est écoulé depuis l’évasion meurtrière de Mohamed Amra d’un fourgon pénitentiaire au péage d’Incarville. La police est toujours à la recherche du détenu mais également des membres du commando qui l’ont été à s’enfuir. Cette opération de fuite organisée, qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires, a suscité de vives réactions et remises en question sur le système pénitentiaire français.

Dans le même temps, la mobilisation pour retrouver le fugitif « ne faiblit pas », avait assuré fin mai Laure Beccuau, procureure de la République de Paris, sur franceinfo. Les suspects en cavale sont recherchés dans tout le pays par 350 enquêteurs, mais également à l’étranger.

Le lendemain de l’attaque, Interpol a en effet diffusé une notice rouge pour localiser le condamné, âgé de 30 ans et surnommé « La Mouche ». Quelques jours plus tard, le Premier ministre Gabriel Attal s’était directement aux fugitifs en leur lançant un avertissement : « Aux criminels lâches et odieux, ne dormez pas tranquille. Nous vous traquerons, nous vous trouverons, et vous serez punis. Le glaive de la justice ne vacillera pas. »

• En cavale en France, à l’étranger, exécuté…

Mais où ont bien pu partir les fugitifs ? « Pour l’instant, on ne peut exclure aucune piste, y compris celle d’un départ à l’étranger », indique une source policière à 20 Minutes ce vendredi 14 juin, en précisant que « fermer trop rapidement une porte, c’est prendre le risque de passer à côté d’éléments importants ».

Au-delà de l’hypothèse d’une fuite bien organisée, avec des points de chutes choisis à l’avance, une rumeur court dans les prisons. Mohammed Amra, qui avait de nombreux ennemis, aurait pu se faire enlever et tuer par un de ses gangs rivaux. Une hypothèse toutefois peu probable. « Ne serait-ce pas une rumeur lancée par des complices d’Amra eux-mêmes pour faire croire à sa mort ? », s’interroge auprès d’Ouest-France Wilfried Fonck, secrétaire national du syndicat Ufap-Unsa justice. Mais « si cela avait été l’objectif, il aurait sans doute été plus facile de mandater une bonne âme, à l’intérieur de la prison, pour faire ça sur place. »

• La dangerosité du détenu pas assez prise en compte

Dans une série d’articles, Le Parisien a révélé comment Mohamed Amra se comportait en prison, recevant en toute impunité du cannabis, des cartes SIM, des cartes bancaires prépayées, et gérant depuis sa cellule ses affaires, non sans violence. franceinfo relate également des écoutes téléphoniques réalisées en 2023 alors que Mohammed Amra était incarcéré à la prison de la Santé. On y entend le chef de gang menacer de mort une source qui refuse de lui fournir « deux kilos d’héroïnes ».

« J’ai découvert dans la presse un certain nombre d’éléments concernant le détenu (Mohamed) Amra et qui font état d’une dangerosité certaine qui ne semblait pas avoir été prise en considération », a déclaré le ministre de la Justice, Eric Dupont Moretti, annonçant confier une enquête à l’inspection générale de la justice au sujet de cette affaire.

La mission d’inspection voulue par le ministre doit permettre de comprendre « s’il y a eu des failles » dans le partage d’information entre la police, la justice et l’administration pénitentiaire, cette dernière ne semblant pas avoir eu connaissance de la dangerosité réelle de Mohamed Amra, a précisé le ministère de la Justice. Si elle permet d’identifier des pistes d’amélioration, celles-ci seront intégrées dans le projet de loi dédié à la lutte contre la criminalité organisée, qui doit être présenté à l’automne.

• Une trentaine de mesures pour améliorer la sécurité des agents

De premières mesures ont cependant déjà été prises. La mort des deux agents pénitentiaires avait en effet entraîné un blocage des prisons pendant plusieurs jours en signe de protestation de la profession. Pour y mettre fin, un accord a finalement été trouvé avec le ministère.

Il comporte une trentaine de mesures pour améliorer la sécurité des agents, notamment lors des extractions judiciaires. Parmi celles-ci figurent notamment le renouvellement du parc auto complet sur quatre ans, des vitres renforcées, de l’armement lourd, ainsi qu’une augmentation des brouilleurs de drones et de portables », pour un budget qui dépasse les 100 millions d’euros.

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