Mohamed Amra en fuite depuis deux semaines après l’évasion d’Incarville : où en est l’enquête ?

Si aucune nouvelle information officielle ne filtre sur Mohamed Amra, la procureure assure que la justice étudie « un certain nombre de pistes sérieuses ».

ENQUÊTE - Où est Mohamed Amra ? Deux semaines après son évasion meurtrière qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires au péage d’Incarville, dans l’Eure, le fugitif et son commando n’ont toujours pas été retrouvés. Ils sont actuellement toujours recherchés par la police.

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L’attaque du fourgon blindé qui le transportait d’Évreux et Rouen a permis au détenu multirécidiviste, impliqué dans le trafic de stupéfiants, de partir en cavale. Trois autres agents pénitentiaires ont également été grièvement blessés dans cette embuscade. Depuis cette attaque mortelle, la première de ce type depuis 1992, police et justice ne ménagent pas leurs efforts.

Si Mohamed Amra et ses complices n’ont pas encore été trouvés, la justice a « des éléments » très nombreux « à exploiter », a assuré sur franceinfo Laure Beccuau, procureure de la République de Paris, ce lundi 27 mai. Et d’ajouter que la mobilisation pour retrouver le fugitif « ne faiblit pas ».

Selon elle, même si « le temps joue pour nous », l’évasion « avait été préparée » et « des points de refuge » ont sûrement été choisis par le commando avant l’attaque. Malgré cela, « on a un certain nombre de pistes que je qualifierais de sérieuses », a-t-elle affirmé.

« Il y a un certain nombre d’éléments majeurs à exploiter », a par ailleurs déclaré la procureure, précisant que « tous les maillons de ce commando (…) doivent être identifiés » et cela représente un certain nombre de personnes. Le 21 mai, elle avait assuré que toutes les hypothèses sont envisagées : « Rien n’est exclu, tout est observé, tout est examiné ».

L’enquête sur l’attaque a été confiée le 24 mai à trois juges d’instruction parisiens, a indiqué le parquet de Paris dans un communiqué. L’information judiciaire menée par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) et confiée à la police judiciaire, a été ouverte notamment des chefs de « meurtres en bande organisée » et « tentatives de meurtres en bande organisée », ainsi qu’« évasion en bande organisée », a précisé le parquet.

Les malfrats du commando, qui étaient au nombre de quatre d’après des informations du Parisien, ont utilisé plusieurs véhicules pour organiser l’attaque. L’un de ces véhicules a été retrouvé « carbonisé ». Une autre source policière a indiqué que l’un des individus avait été blessé.

La traque des fugitifs s’organise aussi au-delà des frontières, avec une « notice rouge » émise par Interpol à la demande des autorités françaises. Le but : le localiser au cas où il serait parvenu à quitter le pays. La traque « risque d’être longue », a confié à l’AFP une des sources proches du dossier.

Plusieurs auditions de proches de Mohamed Amra, dont ses parents et sa compagne, ont eu lieu, ainsi que des perquisitions, a-t-elle ajouté.

Les fugitifs sont recherchés dans tout le pays par 350 enquêteurs. « Plusieurs centaines d’enquêteurs sont sur ce dossier, toute une section du parquet de Paris est mobilisée 24h sur 24 (...) C’est une enquête hors norme, mais nous le devons aux victimes, à leurs familles, à leurs proches et à l’ensemble des agents pénitentiaires qui servent la justice au quotidien », a ajouté Laure Beccuau.

Comme l’avait expliqué l’ancien patron de la PJ parisienne, Christian Flaesch, à Franceinfo : « Cela s’organise en ateliers sur tous les aspects de l’enquête : la personnalité de Mohamed Amra, mais aussi géographiquement, à la fois du côté de Rouen et de Marseille, puisqu’il était mis en examen sur un certain nombre de faits dans cette région ».

Surnommé « La Mouche », Mohamed Amra, 30 ans, affiche un casier judiciaire dense, portant 13 mentions. Il était détenu depuis janvier 2022 à la maison d’arrêt d’Évreux en exécution de plusieurs peines, notamment pour extorsion et violence avec arme.

La dernière condamnation en date remonte au 7 mai, par le tribunal d’Évreux « pour un vol avec effraction » qui lui a valu 18 mois de prison. Il était toutefois en détention provisoire pour d’autres dossiers, dont une mise en examen par la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée dans la lutte contre le crime organisé) de Marseille dans un dossier d’enlèvement et assassinat en bande organisée.

Selon une source proche du dossier, il est aussi impliqué dans des trafics de stupéfiants, soupçonné d’avoir commandité des meurtres liés à ces trafics.

D’après des révélations du Parisien Mohamed Amra possédait plusieurs téléphones portables dans sa cellule pour gérer ses affaires depuis la prison. La procureure Laure Beccuau a expliqué qu’il avait pu les avoir par plusieurs moyens, « projetés au-dessus mur, à occasion de parloir, grâce à des complicités… ».

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