« On est en mode survie » : à Paris, le blues des kebabs

Un kebab à porte de Clignancourt, dans le nord de Paris, le 16 mars 2023.  - Credit:Louis Chahuneau
Un kebab à porte de Clignancourt, dans le nord de Paris, le 16 mars 2023. - Credit:Louis Chahuneau

Il est 13 heures et le Resto Ilane est quasi vide. Il y a quelques années, les jeunes faisaient la queue tous les midis devant ce petit kebab du 9e arrondissement idéalement situé entre les lycées Lamartine, Rocroy Saint-Vincent-de-Paul et Jules-Sigfried. En cuisine, Karim Belgacem, 51 ans et gérant depuis 2018, s'affaire pour ses rares clients. « Ça fait deux mois que je ne vois plus les lycéens », soupire cet ancien ingénieur en mécanique algérien.

Il faut dire que les prix du kebab ont fortement augmenté depuis un an. Ici, le kebab-frite sans boisson coûte 7,50 euros, et 8,50 avec une canette. Attablé en terrasse, Paul, 17 ans et les cheveux frisés, dévore son tacos avec appétit. Il est l'un des rares lycéens du coin à continuer à venir ici. « Avant, je prenais avec boisson, mais maintenant c'est trop cher. Les grecs à 5 euros, ça n'existe plus, ou alors ça a un goût de plastique, c'est horrible », constate avec nostalgie cet habitué.

 - Credit: ©  Louis Chahuneau
- Credit: © Louis Chahuneau

Au « Resto Ilane » dans le 9e arrondissement, le menu kebab avec boisson coûte maintenant 8,50e. © Louis ChahuneauIl y a encore quelques années, on trouvait facilement un menu kebab à 5,50 dans la capitale. Mais entre la hausse des prix des matières premières, de l'énergie et les nouvelles négociations commerciales entre industriels et distributeurs, les prix se sont envolés ces derniers mois. Karim Belgacem fait l'inventaire. « Les tomates sont passées de 1,60 à 4 euros/kg, la broche de poulet, je l'achetais 3 euros/kg, m [...] Lire la suite