Mobilisation pro-palestinienne à Sciences Po: Caroline Fourest dénonce une hausse des "actes d'intimidation"

La directrice éditoriale du magazine Franc Tireur, Caroline Fourest, dénonce le "racisme" et "l'antisémitisme" des personnes qui ont empêché mardi une étudiante d'accéder à une mobilisation pro-palestinienne à Sciences Po Paris.

"Dès que je suis arrivée devant la porte, des organisateurs, masqués, m'ont bloquée. Ils m’ont dit: 'Toi, tu rentres pas!' Je leur ai demandé de m’expliquer. Ils m'ont juste rétorqué: 'On te connaît'", a témoigné l'étudiante auprès du Parisien.

"C'est ça le racisme"

"Quelqu'un m'a dit qu'un participant avait lancé: 'La laissez pas rentrer, c'est une sioniste!' Au micro, les organisateurs ont dit: 'Attention, il y a l'UEJF (l'Union des étudiants juifs de France, une association NDLR) dans la salle!' Ils se targuent de dire qu’ils ne sont pas antisémites parce qu’ils ne crient pas 'Mort aux juifs'", a estimé Rachel (le prénom a été modifié), qui a finalement pu entrer dans l'amphithéâtre. "Or, me qualifier de sioniste, me refuser l’entrée d’une telle réunion, c’est de l’antisémitisme".

"Ce sont des témoignages qu'on entend beaucoup depuis le 7 octobre" et les attaques du Hamas en Israël qui ont fait plus de 1.100 morts, a déploré Caroline Fourest sur RMC-BFMTV ce jeudi 14 mars.

"C'est ça le racisme, prêter des idées de groupe à quelqu'un sur la base de son apparence ou de son origine", a aussi affirmé l'essayiste.

Le gouvernement saisit la justice

Le Premier ministre, Gabriel Attal a annoncé mercredi devant le conseil d'administration de Sciences Po que son gouvernement allait saisir la justice, via l'article 40 de procédure pénale, pour "déterminer ce qu'il s'est passé" à Sciences Po mardi.

Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron avait pour sa part dénoncé des propos "parfaitement intolérables", lors du Conseil des ministres. La direction de Sciences Po a annoncé saisir "la section disciplinaire en vue de sanctionner ces agissements intolérables".

Le comité Palestine de Sciences Po a de son côté assuré qu'"aucun.e étudiant.e n'a été empêché.e d'entrer dans l'amphithéâtre en raison de son appartenance religieuse" et dénoncé des "accusations infondées d'antisémitisme de la part de l'extrême droite". "Les personnes à qui l'accès a été refusé étaient des individus ayant harcelé et intimidé par le passé d'autres étudiant.e.s quant à leurs positions politiques", a affirmé le comité dans un communiqué.

"Pas un incident isolé" pour Fourest

Sur RMC-BFMTV, Caroline Fourest a fustigé une "génération qui se veut très antiraciste, mais qui est raciste en réalité, parce qu'elle ne sait justement pas dissocier une vision identitaire des choses d'une vision réellement antiraciste".

"Il y a du racisme à interdire à une jeune fille d'entrer dans un amphithéâtre en lui prêtant des idées politiques", a-t-elle ajouté.

L'essayiste a souligné que cet événement n'est "pas un incident isolé" répondant à Jean-Luc Mélenchon qui y voit "un incident dérisoire". "On a ce débat au sein de plusieurs Sciences Po, au sein de plusieurs universités, depuis des années. On a des débordements, de plus d'actes d'intimidation et de violence pour empêcher les gens soit d'entrer dans des amphis, soit d'intervenir", a-t-elle déclaré.

Que le conflit entre Israël et le Hamas et les attaques du 7 octobre "agitent des étudiants" est "normal" pour Caroline Fourest, qui déplore néanmoins "l'accumulation de comportements sectaires, excluants, intimidants, parfois violents contre des gens en raison de leurs identités".

Article original publié sur BFMTV.com