Mobilisation pro-Palestine : bagarres, police… la tension monte pour les manifestants sur les campus américains

Des manifestants pro-palestiniens se rassemblent devant le campus du Lincoln Center de Fordham après qu’un groupe ait créé un campement à l’intérieur du bâtiment, le 01 mai 2024 à New York. L’occupation du bâtiment intervient un jour après que la police a fait une descente à l’Université de Columbia et au City College, arrêtant des dizaines de personnes et fermant les campements de soutien à la Palestine

INTERNATIONAL - De nouvelles arrestations aux pieds des universités. Alors que le mouvement de mobilisation étudiante contre la guerre à Gaza prend de l’ampleur aux États-Unis, la police a été déployée sur de nouveaux campus ce mercredi 1er mai. Selon un décompte de l’AFP, les forces de l’ordre ont procédé depuis le 17 avril à des interpellations sur au moins 30 sites universitaires.

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À l’université du Texas à Dallas, la police a ainsi démantelé mercredi 1er mai un campement de manifestants et arrêté au moins 17 personnes pour « intrusion criminelle », selon l’établissement.

Les forces de l’ordre ont également arrêté plusieurs personnes à l’université new-yorkaise de Fordham University et ont évacué un campement installé dans la matinée sur le campus, ont indiqué des responsables. Au total, environ 300 personnes ont été interpellées à New York sur deux sites universitaires, a indiqué mercredi la police de la ville lors d’une conférence de presse.

Au cours de la nuit de mardi à mercredi, les forces de l’ordre ont délogé manu militari des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de la prestigieuse université Columbia à Manhattan, d’où est partie la mobilisation estudiantine de soutien à Gaza.

« La police s’est montrée brutale et agressive avec eux », a assuré à l’AFP Meghnad Bose, un étudiant de Columbia ayant assisté à la scène. « Ils ont arrêté des gens au hasard (...) plusieurs étudiants ont été blessés au point qu’ils ont dû être hospitalisés », a dénoncé une coalition de groupes étudiants pro-palestiniens de Columbia dans une publication Instagram.

« Je regrette que nous en soyons arrivés là », a réagi mercredi Minouche Shafik, la présidente de l’université. Les manifestants se battent « pour une cause importante », mais les récents « actes de destruction » menés par des « étudiants et militants extérieurs » l’ont conduite à recourir aux forces de l’ordre, a-t-elle expliqué, dénonçant par ailleurs « des propos antisémites » proférés lors de ces rassemblements.

D’autres campements avaient également été démantelés tôt mercredi sur les campus de l’Université de l’Arizona à Tucson, et à l’Université de Wisconsin-Madison, respectivement dans le sud-ouest et le nord du pays, selon des médias locaux.

Depuis deux semaines, les mobilisations de soutien à Gaza se multiplient à travers les États-Unis, de la Californie aux grandes universités du nord-est, rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam. Les étudiants appellent les établissements à couper les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël, et dénoncent le soutien de Washington à son allié israélien.

À rebours d’autres institutions, l’université Brown dans l’État de Rhode Island a annoncé avoir trouvé un accord avec les manifestants. Celui-ci prévoit le démantèlement de leur campement en échange d’un vote de l’université en octobre sur un éventuel « désinvestissement » de « sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza ».

À six mois de la présidentielle dans un pays polarisé, les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus ont fait vivement réagir le monde politique. Lors d’un meeting dans le Wisconsin l’ancien président Donald Trump a considéré que « New York était en état de siège la nuit dernière ». Le président Joe Biden « devrait s’exprimer », s’est-il indigné.

Le président américain évite jusqu’ici de s’exprimer sur ce sujet susceptible de plomber sa campagne. Dans une rapide déclaration, la Maison Blanche a condamné mercredi un « petit pourcentage d’étudiants qui provoquent du désordre ». « Les étudiants ont le droit d’aller en cours et de se sentir en sécurité », a encore déclaré Karine Jean-Pierre, porte-parole de l’exécutif, en ajoutant : « Nous allons continuer à souligner qu’il faut dénoncer l’antisémitisme. »

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