La mobilisation étudiante pour Gaza, prise de conscience ou grand malentendu ?

Les manifestations de soutien à la Palestine dans les universités américaines et européennes “redonnent de l’espoir” pour l’avènement de la justice, écrit l’écrivain égyptien Alaa Khaled dans Al-Manassa, se félicitant de ce réveil inespéré d’une “conscience mondiale”.

Elles “tempèrent le ressentiment” de toute une jeunesse arabe qui estime que, depuis sept mois, les Occidentaux discréditent “les valeurs qu’ils ont toujours prétendu représenter”, explique sur le site Arab Digest Tharwa Boulifi, militante tunisienne des droits des femmes et LGBTQI.

Pour l’écrivaine libanaise Dalal El-Bizri, s’exprimant sur le site qatari Al-Araby Al-Jadid, tout cela rappelle les manifestations des étudiants en mai 1968, qui faisaient la synthèse entre la lutte contre la guerre au Vietnam et le soutien – déjà – à la Palestine, entre l’anti-impérialisme et la libération des femmes.

“Les anciennes divisions se brouillent”

Mais ajoute-t-elle, en 1968, le monde était “clairement divisé entre un camp réactionnaire, impérialiste, sioniste, et un autre qui aspirait à la liberté”. Or, aujourd’hui en revanche, les “anciennes divisions se brouillent” et la gauche occidentale autant que les mouvements de “résistance” du monde arabe sont minés par leurs contradictions.

“Comment peut-on être pour la libération de la Palestine et contre celle de l’Ukraine ? Comment peut-on soutenir la Palestine et en même temps défendre Vladimir Poutine ou Bachar El-Assad ?”

Certes, il faut se féliciter des prémices d’un “mouvement estudiantin mondial” propalestinien, peut-on lire sur le site libanais Daraj. Mais cela suscite des réactions mitigées dans le monde arabe quand un jeune manifestant américain brandit un drapeau du Hezbollah sur le campus de Princeton.

Valeurs occidentales

Ceux qui saluent son “courage” font en réalité preuve d’aveuglement pour “les dynamiques et contradictions internes” des sociétés de ce qui est convenu d’appeler le “Sud”. Cela revient à fermer les yeux sur “la domination de courants réactionnaires et fondamentalistes” et à privilégier des considérations identitaires au détriment des questions de conditions de vie concrètes.

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