Mladic au coeur du massacre de Srebrenica, déclare l'accusation

LA HAYE (Reuters) - L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, a été l'un des principaux artisans du massacre de 8.000 Musulmans bosniaques à Srebrenica en 1995, ont estimé les procureurs du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), lundi au premier jour de présentation de leur réquisitoire. Le procureur Alan Tieger a expliqué devant la juridiction de La Haye que Ratko Mladic n'était pas cette "figure marginale" qu'a tenté de présenter son avocat mais qu'il avait contribué à l'organisation de cette tuerie. "Mladic est arrivé à Srebrenica et a promis que l'heure était venue de prendre une revanche sur les Turcs", a commenté le procureur. Le 11 juillet 1995, il promet de livrer la ville au peuple serbe et dans les jours qui suivent, près de 8.000 "hommes et garçons de Srebrenica, des garçons dont certains avaient douze ans, sont systématiquement assassinés", a expliqué Alan Tieger. "La campagne de nettoyage ethnique a déchiré des familles et des communautés non serbes et laissé derrière elle des mosquées et des églises détruites, des villages musulmans bosniaques calcinés et en ruines, et des charniers", a déclaré pour sa part le procureur Arthur Traldi. Âgé de 74 ans, Ratko Mladic risque la prison à vie pour deux chefs d'inculpation de génocide et pour neuf chefs d'inculpation de crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Le réquisitoire des procureurs doit s'achever mercredi. Il sera suivi de la plaidoirie de la défense, vendredi, lundi et mardi prochains, avant les derniers arguments jeudi 15 décembre, précise le TPIY sur son site internet. Le jugement est attendu en 2017. Ratko Mladic, qui a subi plusieurs attaques cardiaques depuis son arrestation en 2011, paraissait alerte à l'audience, écoutant attentivement les déclarations des procureurs. L'ancien commandant bosno-serbe avait été inculpé en même temps que le leader politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, peu après la fin de la guerre de Bosnie en 1995, mais les deux hommes sont restés introuvables pendant plus de dix ans avant d'être arrêtés en Serbie, Karadzic en 2008, Mladic en 2011. Radovan Karadzic a été condamné en mars dernier à 40 années d'emprisonnement pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre. [nL5N16W4DL] Il a fait appel en juillet. Créé par l'Onu en 1993, le TPIY a inculpé 161 personnes pour des crimes de guerre commis dans les Balkans au cours des conflits des années 1990. Parmi elles, 83 personnes ont été reconnues coupables. (Anthony Deutsch; Pierre Sérisier et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)