La “mission impossible” de Pap Ndiaye au ministère de l’Éducation nationale

Celle d’Élisabeth Borne mise à part, c’est sa nomination qui a fait couler le plus d’encre dans la presse étrangère depuis l’annonce de la composition du gouvernement, vendredi 20 mai. Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale, cela “met en rogne la droite”, constate en Allemagne la Süddeutsche Zeitung : “Pour Emmanuel Macron, la nomination de l’historien symbolise un renouveau dans un gouvernement pour le reste très conventionnel.”

Le mécontentement, ainsi que les “commentaires ouvertement racistes” sur les réseaux sociaux provoqués par la nomination de l’historien ayant étudié la condition noire aux États-Unis puis en France, est, selon le quotidien, révélateur des conflits qui traversent la France. “La droite lui reproche de se compromettre avec des théories identitaires venues des États-Unis et de s’en prendre ainsi aux valeurs de la République. Mais il suffit d’écouter Pap Ndiaye ou de se pencher sur ses travaux pour comprendre que ces accusations ne tiennent pas la route.” Car l’homme, explique le journal de centre gauche qui a rencontré Ndiaye pour la première fois en 2018, “n’a rien d’un provocateur. L’historien de 56 ans ne se laisse aller ni aux théories radicales ni aux déclarations tonitruantes. Quand cet intellectuel de renom s’immisce dans un débat, c’est pour tenter de bâtir des ponts entre les différents partis.”

Apaiser les tensions

Si sa nomination est si clivante, c’est aussi, estime la Süddeutsche Zeitung, parce qu’elle constitue un revirement à 180 degrés par rapport à son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer. Ce dernier s’est, entre autres, distingué par son engagement anti-woke au sein du gouvernement, rappelle de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Le quotidien conservateur se remémore l’automne 2020 quand, après l’assassinat de Samuel Paty, le ministre de l’Éducation nationale avait fustigé l’“islamo-gauchisme” dans les universités françaises, la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal allant jusqu’à demander une enquête sur le phénomène. À l’époque, écrit la FAZ, Emmanuel Macron, très critiqué, avait nommé Pap Ndiaye à la tête du Musée national de l’histoire de l’immigration, “pour apaiser les tensions”. Quid d’aujourd’hui ? “Emmanuel Macron espère-t-il se réconcilier avec l’intelligentsia et les enseignants de gauche qui n’ont pas voté pour lui ?” Frédérique Vidal et Jean-Michel Blanquer, “devenus les têtes de Turc de cet électorat”, ont en tout cas dû laisser leur place, note le quotidien allemand.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :