"Vous nous avez mis en danger": colère après un accident mortel lors d'un ultra-trail en Haute-Savoie

Un drame et des interrogations. Samedi 15 juin, une personne est morte et trois autres ont été blessées lors d'un ultra-trail qui a dû être annulé en Haute-Savoie où des trombes d'eau se sont abattues dans la nuit précédente. Le départ de l'ultra-trail du Haut Giffre, une course de 90 km, avait été donné à 23h45 à Samoëns, dans le même département.

L'alerte accident a été déclenchée dans la nuit, aux alentours de 4h35 après la chute de quatre participants "dans un secteur montagneux rendu glissant par les conditions météorologiques", précise le procureur de la République de Bonneville, Karline Bouisset.

"Je suis en colère"

Depuis cet accident dramatique, de nombreux participants ont fustigé la décision de l'organisation de maintenir cette épreuve malgré les conditions climatiques dantesques. "Pourquoi le départ a-t-il été donné? L’organisation n’avait pas accès aux prévisions météorologiques", se plaint l'un d'entre eux auprès du Parisien.

Puis, toujours auprès du quotidien, d'autres ultra-traileurs font part de leur expérience et témoignent de la gravité de certains accidents survenus durant cette épreuve.

"Je suis en colère. J'ai vu devant mes yeux des gens dévisser sur 300 mètres et se blesser, crier d’effroi. (...) Vous nous avez mis en danger. Quand on participe à une course organisée, par principe on fait confiance", explique l'un d'entre eux.

Et un second participant de se remémorer des moments "apocalyptiques." Il dit avoir vu "des gens voler, taper dans tous les sens, hurler puis disparaître dans le noir. C’était apocalyptique. Ça remue dans la tête."

"Ils ne connaissent pas bien le terrain montagneux"

Dans les colonnes du Dauphiné, d'autres participants, plus aguerris, ne semblent pas si enclins à vouloir imputer la responsabilité de l'accident aux organisateurs, et pointent la responsabilité persosnnelle des participants.

"Tu es sur un sol calcaire, qui n’absorbe pas l’eau qui tombe et ne sèche que très lentement. Le terrain est, du coup, très glissant. Tu dois être capable, à ce moment-là de renoncer si tu ne le sens pas", dit l'un d'entre eux.

Un second interrogé va dans le même sens et déplore un manque de connaissance de ce type de terrains des neo-ultra-trailers. "C'est compliqué de dire qu'un tel ou tel autre est responsable", commence-t-il.

"Par contre il y a quelque chose d’assez nouveau depuis quelques années dans le trail: on voit de plus en plus de coureurs qui font une totale confiance à l’organisation. Comme ils ne connaissent pas bien le terrain montagneux, voire pas du tout, ils s'en remettent à 100% aux organisateurs et deviennent comme des moutons ! Ils en oublient la responsabilité de chacun", martèle-t-il.

Enquête ouverte

Les trois autres victimes, blessées, sont également des hommes souffrant notamment de traumatismes crâniens. L'un d'eux né en 1986 a été héliporté à l'hôpital d'Annecy. Un autre né en 1971 a été héliporté au Centre hospitalier Alpes-Leman. Enfin, une dernière victime plus légèrement blessée, un homme né en 1976, a été évacué par la route à Sallanches.

D'autres personnes ont été soignées pour hypothermie, selon la préfecture qui a évoqué les conditions difficiles de prise en charge par le PGHM (peloton de gendarmerie de Haute Montagne) et le Sdis (service départemental d'incendie et de secours) en raison du secteur, situé en altitude, et des conditions météorologiques difficiles.

Une enquête, ouverte pour "recherche des causes de la mort" et "mise en danger de la vie d'autrui" a été confiée à la Brigade de recherches de Bonneville avec l'appui du PGHM de Chamonix "afin de faire toute la lumière sur les circonstances précises de ces accidents et établir ou écarter d'éventuelles responsabilités pénales".

Article original publié sur BFMTV.com