La minute antique : insultes et politique

         Au Sénat romain, Cicéron accuse Catalina de conjuration, en 63 av. J.-C. (chromolitographie de H. W. Schmidt, 1912). - Credit:Stefano Bianchetti / Bridgeman Images
Au Sénat romain, Cicéron accuse Catalina de conjuration, en 63 av. J.-C. (chromolitographie de H. W. Schmidt, 1912). - Credit:Stefano Bianchetti / Bridgeman Images
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Certains s'alarment : les noms d'oiseaux échangés en public entre nos élus fragiliseraient notre démocratie. C'est exactement ce que pensait Platon. « Des injures salissantes, c'est un spectacle qui n'est pas du tout convenable dans une cité bien policée. Nous porterons donc une seule loi pour interdire à tous les hommes l'injure », énonce-t-il dans Les Lois, allant jusqu'à proposer d'exiler d'Athènes les auteurs comiques dont les pièces contiendraient des « propos outrageants » ! Pourtant, les Athéniens, qui inventèrent le mot « démocratie », croyaient dur comme fer à ce qu'ils appelaient la parrhèsia, la liberté de parole, et ne se privaient pas d'utiliser l'insulte comme une arme. Les Romains, plus encore : « Tu ne fus qu'une banale putain. […] Jamais garçon acheté pour satisfaire la concupiscence ne fut aussi soumis à son maître que tu ne le fus à Curion », se déchaîne ainsi Cicéron contre le puissant Marc Antoine. Bon, le grand orateur finit exécuté par ce dernier, sa tête et ses mains coupées exposées sur le forum. La liberté d'expression avait déjà ses limites… §