Milo Rau : «La violence me préoccupe depuis toujours»

Pour «The Civil Wars», Milo Rau a réalisé une série de témoignages auprès de jeunes jihadistes et de leurs familles.

Rencontre avec le metteur en scène et cinéaste suisse, qui monte cette semaine à Nanterre «The Civil Wars», une enquête sur de jeunes Européens séduits par le jihad.

En créant l’International Institute of Political Murder, le metteur en scène et cinéaste suisse Milo Rau a décidé de rompre avec le théâtre de répertoire pour se confronter scéniquement avec l’actualité la plus troublée, accueillant sur scène les grands épisodes conflictuels et traumatiques de notre époque. Il a ainsi déjà reconstitué le procès des Ceausescu en Roumanie et créé un choc à Avignon en 2013 en présentant Hate Radio, spectacle qui s’inspire des émissions de la radio des Mille Collines, au Rwanda, qui appelait quotidiennement à massacrer des Tutsis.

Cette semaine au théâtre des Amandiers, on peut voir The Civil Wars, qui évoque notamment le jihadisme violent de jeunes Européens partis combattre au Moyen-Orient et le film le Procès de Moscou, qui revient sur la mise en cause judiciaire des Pussy Riot après leur prestation punk dans la cathédrale moscovite du Christ-Sauveur. «Je pars d’un point de vue constructiviste, nous expliquait la semaine dernière Milo Rau. La méthode consiste à prouver une vérité en reconstruisant une situation. Kierkegaard dit qu’il n’y a pas de première fois dans l’existence. On a rêvé la première fois et on essaie de la reproduire, mais quand cela a lieu, c’est déjà la deuxième fois. On est toujours dans la mélancolie parce que définitivement lié au sentiment du passé et de la répétition.»

Selon quels critères choisissez-vous vos sujets ?

Je considère ce qu’on appelle la «civilisation» comme quelque chose qui n’appartient pas au normal, mais qui relève au contraire de l’exception. Ce qui est normal, selon moi, c’est la violence, la barbarie. Cela a peut-être à voir avec ma propre jeunesse. Avec ma mère, on a beaucoup déménagé d’une ville à une autre. Or, pour un enfant, arriver du jour au lendemain dans un nouveau contexte, c’est un peu comme repartir de zéro. On se (...)

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