Militant, symbole et artiste: qui est le rappeur Toomaj, condamné à mort en Iran?

Il est devenu le nouveau symbole de la répression du régime iranien. Le rappeur Toomaj Salehi, 33 ans, risque la mort après avoir été condamné fin avril à la peine capitale par un tribunal révolutionnaire d'Ispahan, pour "corruption sur terre".

L'artiste avait été arrêté en octobre 2022. Il avait soutenu, via ses chansons et sur les réseaux sociaux, le mouvement de contestation déclenché après la mort en septembre 2022 de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne détenue par la police des mœurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le strict code vestimentaire imposé aux femmes.

"Il est l’heure de la colère du peuple et de sa rébellion / Il est temps de dégager les opportunistes […] Nous sommes la voix de la colère de ceux qui ont été réduits au silence / Ne nous appelez pas des rebelles, nous venons faire la révolution”, rappe-t-il dans son titre Battlefield, dont le clip montrait des images des manifestations.

Artiste engagé

Originaire d'Ispahan et fils d'un ancien opposant au régime, Toomaj Salehi n'avait pas entendu la mort de Mahsa Amini pour dénoncer dans ses textes le pouvoir ultra-conservateur des mollahs.

"Si tu as constaté la souffrance du peuple et que tu as fermé les yeux, si tu as fait abstraction de l’injustice (…), tu es complice du tyran", peut-on entendre dans Soorakh Moosh ("Trou de ­souris"), son tube, sorti en juillet 2021.

D’abord condamné à six ans de prison, il a été libéré sous caution avant d’être à nouveau arrêté après avoir témoigné dans une vidéo de ses conditions de détention et évoqué des faits de torture.

Soutien international

La condamnation à mort du rappeur a provoqué une vague d'indignation dans la communauté internationale et sur les réseaux sociaux à travers le hashtag #SaveToomaj (#SauverToomaj).

À Genève, ce sont dix experts indépendants des Nations unies qui ont dénoncé ce verdict. "Aussi dures que soient les chansons de M. Salehi à l'égard du gouvernement, elles sont une manifestation de la liberté artistique et des droits culturels", ont-ils indiqué dans un communiqué, signé par cinq rapporteurs spéciaux et les cinq membres du Groupe de travail sur la détention arbitraire.

La peine capitale infligée à Toomaj Salehi est "inacceptable", a également dénoncé le ministère français des Affaires étrangères la semaine dernière.

Ce mardi 30 avril, plus de 160 artistes, écrivains et militants des droits humains se sont directement adressée au président de la République dans une tribune parue ce mardi 30 avril dans le journal Le Monde. Les signataires, dont la comédienne Golshifteh Farahani et la dessinatrice Marjane Satrapi, interpellent Emmanuel Macron sur le sort du rappeur iranien et demandent au président "de prendre fermement position" et "d'agir par tous les moyens politiques et diplomatiques pour faire lever définitivement" la peine prononcée.

Article original publié sur BFMTV.com