Quand des militaires néo-nazis s'affichent publiquement sur les réseaux sociaux

Quand des militaires néo-nazis s'affichent publiquement sur les réseaux sociaux

Une dizaine de militaires néo-nazis a été identifiée au sein de l’armée française. Une enquête signée Mediapart, qui montre les limites des procédures d’identification du radicalisme au sein de la grande muette.

Des croix gammée, des devises SS en allemand, des références à Hitler, et plus généralement au nazisme et au Troisième Reich : voilà les tatouages arborés par Alan, François, Maxime ou Teddy. Tous ont deux points communs : un, ils sont militaires au sein de l’armée française, et deux, ils affichent leurs tatouages sans se cacher sur les réseaux sociaux. Des opinions nauséabondes pourtant illégales. Mais si l’armée affiche ses intentions d’”écarter tout candidat présentant des signaux, même faibles, de radicalisation”, selon le rapport de la mission d’information sur les services publics face à la radicalisation mené par les députés Éric Diard et Éric Pouilliat en 2019, force est de constater qu’Alan, François, Maxime, Teddy, mais aussi Yann, Rurik Rodion ou Valentin, sont passés à travers les mailles du filet. Au total, c’est une dizaine de militaires qui a pu être identifiée par Mediapart, au cours d’une investigation réalisable par le premier quidam venu - à condition de volonté.

“merci fürher”

L’enquête a en effet été menée en source ouverte, c’est-à-dire à partir de documents accessibles publiquement sur internet. Il peut s’agir de profils Facebook, de comptes Instagram ou de forums de discussions. Les jeunes hommes incriminés posent sans vergogne le bras tendu en l’air en référence au salut nazi, souhaitent mettre “une bonne balle dans la nuque” des migrants ou répondent publiquement “merci fürher” sous une publication. Autrement dit, ils ne se cachent pas sur les réseaux. Et dans les rangs de l’armée ?

Pourtant, dans les conclusions du rapport de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France, la première recommandations concerne “[le] suivi des membres ou anciens membres des forces armées ou de sécurité intérieure impliqués dans des groupes d’ultra-droite.”

Contacté par Mediapart, le ministère des Armées a répondu : “Parmi les militaires mentionnés dans l’enquête, certains sont encore en service et les éléments ont été portés à la connaissance de leur chaîne de commandement”. Le code de la défense prévoit la radiation des cadres ou la résiliation du contrat d’un militaire dès lors qu’une enquête administrative fait apparaître que son comportement “est devenu incompatible avec l’exercice de ses fonctions eu égard à la menace grave qu’il fait peser sur la sécurité publique.”

Ce qui peut être le cas lors du mission de protection d’un lieu de culte, par exemple.