Michel Houellebecq dit "n'avoir pas vu le danger" en signant un contrat le liant à un film érotique

Le romancier français de renommée mondiale Michel Houellebecq a affirmé avoir été "pris de court" et "n'avoir pas vu le danger" du film érotique dans lequel il joue, dans un entretien au Journal du Dimanche.

En novembre 2022, l'auteur de La Carte et le Territoire (prix Goncourt 2010) a signé un contrat avec un réalisateur néerlandais, Stefan Ruitenbeek, en vue d'un film pornographique.

"Je ne pensais pas être suffisamment célèbre pour avoir une sextape. Ça arrive à des acteurs, des chanteurs, des présentateurs de télévision, des footballeurs, des hommes politiques. À des écrivains, normalement, non", ajoute-t-il.

L'auteur de La Possibilité d'une île raconte avoir d'abord rencontré une femme "qui diffusait ses rencontres sexuelles sur une plateforme Internet appelée Onlyfans, pour ses abonnés (...) J'ai refusé de donner mon passeport pour Onlyfans."

"C'est complètement absurde de signer un contrat pareil"

Il poursuit en expliquant qu'il n'a "jamais été question" du film de Stefan Ruitenbeek "à ce moment". Ce n'est que plus tard, selon son récit, qu'il signe un contrat dans le cadre de ce tournage.

"C'est complètement absurde de signer un contrat pareil. Mais ce qui réduit partiellement ma bêtise, c'est que je n'avais pas du tout l'intention de tourner de plans porno", affirme-t-il, disant n'avoir alors pas vu une clause "qui rendait le contrat rétroactif", permettant "d'utiliser les deux heures de tournage effectuées à Paris".

Bataille judiciaire en cours

L'écrivain tente depuis des mois de faire interdire les images tournées fin 2022 par le cinéaste néerlandais, affirmant avoir été piégé alors qu'il voulait ne pas être reconnaissable.

La justice française, s'estimant incompétente, avait débouté l'écrivain en février de sa demande de faire interdire le film. La justice néerlandaise a elle aussi rejeté cette demande mais elle a autorisé Michel Houellebecq en appel à visionner le film Kirac 27 avant sa diffusion.

"Un jeu entre réel et fiction"

Les juges ont en effet estimé justifiées les craintes de l'écrivain que le cinéaste néerlandais ne respecte pas une partie de l'accord définissant "un jeu entre réel et fiction", selon lequel le film doit créer l'illusion de scènes érotiques avec un sosie.

Si Michel Houellebecq émet des objections et que le cinéaste refuse d'ajuster le film, il pourra à nouveau saisir le tribunal. Le romancier français va publier le 24 mai un récit de ses déboires avec le cinéaste néerlandais intitulé Quelques mois dans ma vie, aux éditions Flammarion.

Article original publié sur BFMTV.com