MHD jugé pour meurtre : le procès aux assises du rappeur s’ouvre à Paris

MHD, lors d’un concert à Washington en 2017, quelques mois avant d’être impliqué dans cette affaire de meurtre pour laquelle un procès s’ouvre lundi 4 septembre.
MHD, lors d’un concert à Washington en 2017, quelques mois avant d’être impliqué dans cette affaire de meurtre pour laquelle un procès s’ouvre lundi 4 septembre.

JUSTICE - De l’invention de l’Afro-trap, en passant par Coachella avec Beyoncé et Eminem pour finir sur le banc des accusés. Ce lundi 4 septembre, le procès aux assises du rappeur MHD s’ouvre autour d’une affaire d’homicide volontaire lors d’une rixe entre deux bandes rivales en 2018 à Paris.

De son vrai nom Mohamed Sylla, le rappeur né à La Roche-sur-Yon et qui a grandi dans le XIXe arrondissement de Paris, comparait aux côtés de huit autres hommes dans cette affaire de meurtre. L’artiste comme les autres prévenus encourent jusqu’à trente ans de réclusion criminelle.

Parmi les autres accusés, trois, dont un toujours en fuite, sont soupçonnés d’avoir porté des coups de couteau à la victime. Un autre sera également jugé pour l’incendie de la Mercedes. Durant ce procès, MHD et quatre coaccusés comparaîtront libres. Trois autres suspects sont toujours en détention provisoire et le dernier -en fuite-, sera quant à lui jugé par défaut.

Une accusation en pleine ascension

L’affaire qui implique l’auteur de La Puissance et A Kele Nta débute à l’été 2018. Dans la nuit du 5 au 6 juillet, Loïc K., âgé de 23 ans, meurt après avoir été renversé volontairement par une Mercedes dans le Xe arrondissement de la capitale. Avant sa mort, le jeune homme est passé à tabac par une dizaine d’hommes et lacéré de coups de couteau.

La Mercedes est finalement retrouvée un jour plus tard, incendiée dans un parking. La piste d’un règlement de comptes entre jeunes de la cité des Chaufourniers, surnommée la « cité rouge », et celle toute proche de la Grange aux Belles, est alors rapidement envisagée par les enquêteurs.

Au cours de l’enquête, l’origine de la rixe est également établie. Plusieurs heures avant la mort de Loïc, une dizaine de personnes de la cité de la Grange aux Belles s’étaient introduites chez un ancien du quartier rival et l’avaient menacé avec des gourdins.

Jusqu’ici le nom de MHD n’est pas encore relié à l’affaire, mais en s’intéressant à la voiture incendiée, les enquêteurs établissent que la Mercedes appartient au jeune rappeur en plein succès. Plusieurs témoins affirment d’ailleurs l’avoir vu à bord, lui qui habite la cité des Chaufourniers.

À cet instant, MHD est bel et bien au sommet, avec une apparition au cinéma, des clips vu des millions de fois, un premier album (MHD) écoulé à plus de 400 000 exemplaires et un contrat d’égérie avec la marque Puma.

Avec « Afro Trap Part.3 (Champions League) », MHD comptabilise près de 140 millions de vues sur Youtube.
Avec « Afro Trap Part.3 (Champions League) », MHD comptabilise près de 140 millions de vues sur Youtube.

Le style musical qu’il a développé et démocratisé grâce à un mélange de hip-hop et de musiques africaines explose alors sous le nom d’Afro-trap, bien aidé par le morceau Afro Trap Part.3 (Champions League), popularisé en partie grâce aux joueurs du PSG.

Un an et demi de détention provisoire

Ces accusations et ces témoignages à charge contre l’artiste sont alors renforcés par la coiffure de MHD au moment des faits. Des cheveux peroxydés qui poussent les enquêteurs à le considérer comme l’un des suspects du passage à tabac de Loïc.

En effet, plusieurs vidéos de la scène montrent un homme d’origine africaine aux cheveux peroxydés et vêtu d’un survêtement Puma. Le suspect est visible sur ces images en train de traîner Loïc pour l’écarter de la voiture et lui asséner un coup de pied dans la tête avant de quitter les lieux.

Face à ces accusations, MHD a toujours nié les faits, n’hésitant pas à affirmer qu’il prêtait régulièrement son véhicule. Une version qui sera d’ailleurs corroborée par plusieurs acteurs du dossier lors des auditions. Pour se défendre le rappeur avait également avancé que plusieurs personnes dans le quartier portaient la même coiffure que lui.

Son avocat, Me Guillaume Halbique estime que son client se trouve dans un « cycle tragique et terrible de violences de quartiers, dans lequel on ne sait plus pourquoi tel quartier est ennemi de tel autre, mais où on n’a pas le choix et on est obligé d’être solidaires des autres ».

« Pour bien juger et bien comprendre, il faut prendre de la hauteur et prendre en compte ces dynamiques qui se mettent en place dès le plus jeune âge », a-t-il ajouté avant l’ouverture du procès.

Retour à la musique

Placé en détention provisoire suite à sa mise en examen en janvier 2019, MHD passera finalement un an et demi en prison.

À l’été 2020, il est finalement remis en liberté sous contrôle judiciaire contre une caution de 150 000 euros, mais reste particulièrement surveillé. Il lui est notamment interdit de se rendre à Paris et il est contraint de pointer chaque semaine au commissariat.

Depuis sa libération, MHD a quand même repris la musique. Obtenant même un disque d’or pour son dernier album Mansa en 2021. Dans ce nouveau projet, il revenait d’ailleurs -à demi-mot- sur cette affaire de meurtre alors que son arrestation avait eu lieu quelques semaines avant le début d’une tournée européenne d’ampleur, où il devait notamment se produire à l’Accor Arena.

« J’avais des projets qui rapportent, mais le poto a tout gâché (...) J’devais remplir mon Bercy, pardon maman j’ai tout gâché », chantait-il sur le morceau Tout gâcher, présent sur son dernier album. Fin août 2023, l’artiste signait même une nouvelle chanson et un nouveau clip pour Jungle, où il évoque encore son contrôle judiciaire et son « train de vie mouvementé ».

À voir également sur Le HuffPost :

Que risque Donald Trump avec sa nouvelle inculpation pour « complot contre l’État américain » ?

Affaire Griveaux : six mois de prison ferme requis contre Piotr Pavlenski