Mexique : le “tsunami” Claudia Sheinbaum explose le plafond de verre

En octobre 1824, les Mexicains se rendaient pour la première fois aux urnes pour désigner le premier président de la République naissante. Guadalupe Victoria [un homme, contrairement à ce que pourrait faire croire son prénom] fut celui-là, et depuis lors, tous les quatre ans d’abord, puis tous les six ans, les Mexicains ont voté et élu en tout 65 présidents qui avaient un point commun : tous étaient des hommes.

Dimanche 2 juin, à la majorité des voix, le Mexique a pour la première fois confié la magistrature suprême, non plus à un homme, mais à une femme. Claudia Sheinbaum, déclarée vainqueur à la présidentielle d’après les premiers décomptes de l’Institut national électoral (INE), qui lui attribuent entre 58 et 60 % des voix [finalement 59 % selon les résultats officiels], deviendra la première présidente de notre pays. Il aura fallu attendre très précisément deux cents ans pour qu’une femme brise le dernier plafond de verre de la politique mexicaine.

Claudia Sheinbaum devrait par ailleurs pouvoir s’appuyer sur la majorité absolue au Congrès, avec au moins 79 sénateurs [sur 128] et 320 députés [sur 500]. La présidente peut ainsi espérer lancer et faire approuver par ses rangs des réformes constitutionnelles, tel le projet de réforme de la Cour suprême de justice, qui prévoit de modifier la composition et la désignation des juges [qui seraient élus au suffrage universel, et passeraient de 11 à 9].

L’ineptie de la coalition d’opposition

Ces victoires dessinent en creux l’échec retentissant de l’alliance d’opposition, qui, même en faisant le total des voix, n’a pas réussi à convaincre une majorité d’électeurs, et ce alors même que la présidence sortante, celle d’Andrés Manuel López Obrador, [dit “AMLO”, qui ne pouvait se représenter], charrie un bilan entaché de graves problèmes et de nombreux indicateurs négatifs.

L’enthousiasme de la chef de file de l’opposition, Xóchitl Gálvez, et sa volonté affichée de changement de cap n’y ont pas suffi, tant les trois partis qui la soutenaient ont brillé par leur incompétence et leur ineptie. Le PAN (Parti d’action nationale, droite], le PRI (Parti révolutionnaire institutionnel, centre droit) et ce qu’il reste du PRD (Parti de la révolution démocratique, centre gauche) ont montré que la tragédie que vit ce pays et la confirmation écrasante et sidérante de Morena, le parti d’AMLO et de Sheinbaum, s’expliquent en bonne partie par l’incurie de leurs dirigeants, qui n’ont su défendre que leurs intérêts épars sans parvenir à incarner le mécontentement des Mexicains contre le gouvernement sortant.

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