Meurtre de Matisse: une marche blanche "solidaire" et "sécurisée"

Entrée de la ville de Châteauroux, le 7 avril 2024 (Martin BUREAU)
Entrée de la ville de Châteauroux, le 7 avril 2024 (Martin BUREAU)

"Solidaire" et "sécurisée": une marche blanche en hommage au jeune Matisse, 15 ans, tué par un adolescent du même âge le 27 avril, doit s'élancer samedi après-midi dans le centre de Châteauroux, à l'appel de la famille qui refuse toute récupération politique.

La famille, "profondément touchée par toutes les marques de sympathie reçues", a souhaité rendre hommage à Matisse avec une marche blanche, qui s'élancera à 15H30 de la place La Fayette, selon un communiqué de la métropole, transmis mercredi.

"La famille invite tous les participants à faire preuve de respect tout au long du parcours afin que la marche se déroule dans un esprit serein et solidaire", avait-on ajouté.

Malgré l'appel notamment du père de Matisse à se garder de toute récupération politique, vendredi soir, un groupuscule d'ultra droite a déployé devant la mairie des banderoles: "Justice pour Matisse", "Français réveille-toi".

Selon le préfet de l'Indre, Thibault Lanxade, l'opération a été "très rapide". "Ils étaient une dizaine. Ils ont déroulé leurs banderoles et sont repartis". L'action a été revendiquée par le groupuscule "Animus Fortis" sur son compte X.

"Ces personnes sont identifiées et connues de nos services. Elles ne sont pas toutes du département. Je n'en dirai pas plus concernant ce groupuscule d'une trentaine de membres, hormis que nous prenons tout cela au sérieux", a ajouté le préfet auprès d'une correspondante de l'AFP.

La marche, prévue dans l'après-midi, "passera probablement devant le restaurant du père de Matisse (Jeux 2 Goûts, NDLR), avec une déambulation dans la ville", avait par ailleurs précisé le préfet.

Selon ce dernier, de "3.000 à 10.000 personnes" sont attendues dans cette commune d'ordinaire paisible de 43.000 habitants, où les commerçants étaient nombreux à avoir mis, dès vendredi, des photos de loutre sur leurs vitrines, répondant ainsi à l'appel lancé sur Facebook par le père de Matisse, Christophe Marchais, qui surnommait son enfant "ma loutre" ou "Matou".

L'adolescent a succombé à ses blessures le 27 avril, après plusieurs coups de couteau lors d'une "rixe" survenue dans le quartier Saint-Denis, selon la procureure de la République de Bourges.

Son agresseur présumé a été mis en examen lundi soir pour "meurtre" et placé en détention provisoire, et sa mère, âgée de 37 ans et soupçonnée d'avoir "asséné des gifles à la victime" blessée, a été mise en examen pour "violences volontaires" sur "personne vulnérable".

- "Renfort" de police -

Le meurtre de Matisse survient après une vague de violences entre jeunes, comme le passage à tabac mortel à Viry-Châtillon de Shemseddine, 15 ans, et en pleine campagne pour les élections européennes.

Dans ce contexte, la nationalité afghane des deux mis en examen - en situation régulière en France -, a conduit plusieurs figures de la droite et de l'extrême droite à dénoncer la "politique migratoire" du gouvernement.

Sur les réseaux sociaux et dans des boucles de messagerie cryptée, les photos du suspect, de ses parents, et des liens vers ses comptes personnels sont partagés, a constaté l'AFP.

Compte tenu de "pressions" et de la présence de "très jeunes enfants" au sein de cette famille, le préfet de l'Indre a assuré à l'AFP que "des moyens ont été mis en oeuvre pour les sécuriser dès jeudi soir".

Depuis plusieurs jours, Christophe Marchais ne cesse pourtant de mettre en garde: "Ne mélangeons pas tout. Faites attention à tous les bords de droite ou d'ailleurs qui s'approprient ce genre de chose", a-t-il déclaré au micro de RTL.

Pour éviter tout débordement lors de l'hommage, la préfecture a décidé du "renfort d'une compagnie de CRS" aux côtés des gendarmes et policiers du département, de la tenue de "contrôles sur les sorties d'autoroute et sur les entrées de l'agglomération de Châteauroux", où des militants d'extrême droite sont attendus.

"Tout acte qui tendrait à utiliser cette marche blanche et ne serait pas conforme à l'esprit républicain, sera avisé de près par les forces de sécurité", a prévenu le préfet.

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