Meurtre d'Éric Masson à Avignon: son binôme assure que l'accusé "savait qu'il tirait sur un policier"

C'est un témoignage plein d'émotions qui a marqué cette nouvelle journée du procès d'Ilias Akoudad, le meurtrier présumé du brigadier Éric Masson, abattu en 2021 sur un point de deal à Avignon. Ce lundi 26 février, Romain R., le binôme du fonctionnaire, qui était à ses côtés le jour du meurtre et lui a porté les premiers secours, est venu raconter les derniers instants de vie d'Éric Masson, ce 5 mai 2021.

Ce jour-là, les deux coéquipiers décident de se rendre sur un point de deal du centre-ville d'Avignon. Éric Masson décide de contrôler une acheteuse, quand deux jeunes hommes débarquent, vêtus de noir, raconte Romain R. à la barre, aujourd'hui âgé de 38 ans.

"Ils nous cherchaient"

"Alors, vous charbonnez?", lance aux policiers l'un des deux individus, avant de sortir une arme et de tirer sur Éric Masson. "J'ai entendu deux détonations. J'ai compris qu'Éric se faisait tirer dessus, je l'ai vu chanceler, je l'ai vu tomber au sol", poursuit le policier, la voix pleine d'émotions.

Romain R. sort à son tour son arme, crie "police" une dizaine de fois et tire sur l'individu. "Il s'est retourné vers moi, il m'a pointé avec son arme et il est parti en sens opposé", explique-t-il. Le policier se précipite vers son collègue à terre.

"Je me suis mis à genoux, Éric avait du sang qui sortait de sa bouche. Je lui ai demandé de rester avec moi", raconte Romain R., qui pratique un massage cardiaque sur son binôme.

"J'étais perdu, sidéré, en état de choc", ajoute-t-il. Éric Masson décède quelques minutes plus tard.

Près de trois ans après les faits, Romain R. est formel, il a identifié les deux individus: "le tireur, c'est monsieur Akoudad". Mais le fonctionnaire pense surtout que les deux individus savaient qu'ils étaient policiers. "Je suis sûr qu'on nous a reconnus, ils nous cherchaient, ils savaient que des policiers étaient dans le secteur", estime-t-il.

"Il savait qu'il tirait sur des policiers, j’en suis sûr et certain", martèle le coéquipier d'Eric Masson.

Ilias Akoudad, l'accusé, lui a toujours nié les faits. Il assure que ce 5 mai 2021, il n'était pas présent rue du Râteau, dans ce quartier historique de la cité des papes, lorsqu'Éric Masson a été abattu à bout portant.

Deux autres personnes jugées

Depuis ce jour-là, Romain R. vit avec un sentiment de culpabilité: "pourquoi Éric, pourquoi pas moi?", formule-t-il à la barre. "Éric, c'était un super mec, un mec extraordinaire. Éric s'est fait abattre par un individu qui n'a même pas le courage de le reconnaître", regrette le policier.

Pendant toute la déposition du policier, l'accusé est resté recroquevillé dans son box. Le jeune homme de 22 ans, soupçonné d'être l'auteur du tir, est jugé devant la cour d'assises du Vaucluse depuis le lundi 19 février.

Déjà condamné six fois, notamment pour trafic de stupéfiants, le jeune homme, poursuivi pour meurtre et tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique - pour avoir aussi tiré sur Romain - risque la perpétuité. Le statut de policier d'Éric Masson est en effet une circonstance aggravante "lorsque la qualité de la victime est apparente ou connue de l'auteur".

Ayoub Abdi, 23 ans, qui accompagnait le tireur le jour des faits et a fui avec lui, et Ismaël Boujti, 24 ans, qui leur avait prêté sa cave, qui servait d'épicerie clandestine, seront seulement jugés pour soustraction d'un criminel à l'arrestation ou aux recherches.

Article original publié sur BFMTV.com