Sur le #Metoopolitique, des témoignages de femmes émergent après la tribune

Des femmes évoluant dans le milieu politique racontent sur les réseaux sociaux les viols, agressions et harcèlement sexuel dont elles ont été victimes.

FEMMES - Il n’aura pas fallu 24 heures après la publication de la tribune de 300 femmes appelant dans Le Monde à ”écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes” de la vie politique et à mettre fin à “l’omerta”, pour que des témoignages apparaissent.

Sur les réseaux sociaux, un certain nombre de femmes ont publié leurs expériences glaçantes, accompagnées du hashtag #metoopolitique: viols, agressions sexuelles, propos sexistes et harcèlement... La plupart des victimes ne donnent pas le nom des hommes politiques ayant perpétré ces violences.

“Une vague de témoignages a déferlé sur les réseaux sociaux, où des femmes courageuses ont dénoncé la violence de certains élus et membres de partis politiques”, ont indiqué dans un communiqué les initiatrices de la tribune dont Fiona Texeire, l’une des collaboratrices d’élus à l’origine du mouvement et de la pétition qui l’accompagne, quelques heures après leur publication.

Je suis malheureusement loin d'être la seule à avoir commencé ma vie politique par un tel évènement.Emma Salley, animatrice des Jeunes Insoumis

C’est le cas par exemple d’Emma Salley, animatrice des Jeunes Insoumis et cheffe de File FI Normandie pour les régionales 2021, qui relate un viol alors qu’elle était mineure, “durant un évènement syndical”.

L’avocate Elodie Tuaillon-Hibon, affirme elle avoir été victime il y a un peu plus de 20 ans “d’une tentative d’agression sexuelle par un homme politique de gauche puissant qui avait prétexté vouloir me faire travailler sur un futur livre et entretenait une relation amicale avec moi”.

Elle explique ne pas avoir porté plainte à l’époque “par sentiment de culpabilité” tout d’abord, puis “sciemment”. Aujourd’hui, il y a prescription. Alors qu’elle s’est spécialisée dans les violences sexuelles et les féminicides et que son nom apparaît dans de nombreux dossiers ayant défrayé la chronique ces dernières années -Tron, Darmanin, Depardieu-, elle assume.

Autre témoignage, anonyme celui-ci, d’une étudiante en droit, qui s’adresse à ses agresseurs. ”À l’homme politique qui m’a proposé de coucher pour une place sur une liste municipale et l’autre pour un stage à l’Assemblée nationale. Et à celui qui a essayé de m’humilier publiquement après une rupture. Il est temps que ça cesse.”

“Un grand escogriffe qui s’est jeté sur moi”

Une autre femme, Mie Kohiyama, 49 ans et aujourd’hui présidente de l’association MoiAussiAmnesie, accuse nommément le député Jean Lassalle. “Je réitère l’anecdote pathétique d’un grand escogriffe qui s’est jeté sur moi dans un ascenseur au Japon pour m’embrasser de force quand j’étais journaliste. Il est député et s’appelle Jean Lassalle”, écrit-elle.La secrétaire générale du groupe LFI au Conseil régional d’Ile-de-France, Mathilde Viot, relate également un épisode de harcèlement sexuel, sans citer l’homme en question. ”Une fois, un actuel candidat aux présidentielles, m’a dit avec son accent du terroir qu’il avait bien regardé mes fesses, et qu’à n’en pas douté elles rentreraient dans une seule de ses mains”, dit la co-fondatrice de “Chair Collaboratrice”, un collectif créé à la suite de “l’affaire Baupin” et composé de femmes politiques qui luttent contre ces violences.

Et ce n’est pas fini. Moins d’une semaine après les témoignages à visage découvert de huit femmes affirmant avoir été agressées ou violées par PPDA dans Libération, les récits de victimes risquent de se multiplier.

En 2018, le Conseil de l’Europe rappelait dans un rapport sur “la violence envers les femmes dans l’Union européenne” les difficultés des femmes ayant un rôle public, incluant les journalistes et les femmes politiques, à dénoncer ces faits et les rendre publics.

Le site www.metoopolitique.fr a été temporairement inaccessible quelques heures après sa mise en ligne. Les initiatrices du mouvement évoquent un “hackage” et dénoncent une volonté de “museler la parole des victimes et empêchant l’engagement des élu·e·s en faveur de la prévention des violences sexistes et sexuelles en politique”.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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