Sur le #Metoopolitique, des témoignages de femmes émergent après la tribune
Des femmes évoluant dans le milieu politique racontent sur les réseaux sociaux les viols, agressions et harcèlement sexuel dont elles ont été victimes.
FEMMES - Il n’aura pas fallu 24 heures après la publication de la tribune de 300 femmes appelant dans Le Monde à ”écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes” de la vie politique et à mettre fin à “l’omerta”, pour que des témoignages apparaissent.
Sur les réseaux sociaux, un certain nombre de femmes ont publié leurs expériences glaçantes, accompagnées du hashtag #metoopolitique: viols, agressions sexuelles, propos sexistes et harcèlement... La plupart des victimes ne donnent pas le nom des hommes politiques ayant perpétré ces violences.
“Une vague de témoignages a déferlé sur les réseaux sociaux, où des femmes courageuses ont dénoncé la violence de certains élus et membres de partis politiques”, ont indiqué dans un communiqué les initiatrices de la tribune dont Fiona Texeire, l’une des collaboratrices d’élus à l’origine du mouvement et de la pétition qui l’accompagne, quelques heures après leur publication.
Je suis malheureusement loin d'être la seule à avoir commencé ma vie politique par un tel évènement.Emma Salley, animatrice des Jeunes Insoumis
C’est le cas par exemple d’Emma Salley, animatrice des Jeunes Insoumis et cheffe de File FI Normandie pour les régionales 2021, qui relate un viol alors qu’elle était mineure, “durant un évènement syndical”.
A 17 ans, on m'a violée durant un évènement syndical.
Je suis malheureusement loin d'être la seule à avoir commencé ma vie politique par un tel évènement. La première vague de dénonciations il y a quelques années avait fait du bien mais il faut aller plus loin #MeTooPolitique— Emma S 🇫🇮 (@EmmaSalley_) November 15, 2021
L’avocate Elodie Tuaillon-Hibon, affirme elle avoir été victime il y a un peu plus de 20 ans “d’une tentative d’agression sexuelle par un homme politique de gauche puissant qui avait prétexté vouloir me faire travailler sur un futur livre et entretenait une relation amicale avec moi”.
Elle explique ne pas avoir porté plainte à l’époque “par sentiment de culpabilité” tout d’abord, puis “sciemment”. Aujourd’hui, il y a prescription. Alors qu’elle s’est spécialisée dans les violences sexuelles et les féminicides et que son nom apparaît dans de nombreux dossiers ayant défrayé la chronique ces dernières années -Tron, Darmanin, Depardieu-, elle assume.
1. Il y a un peu + de 20 ans, j'ai été victime d'une tentative d'agression sexuelle par un homme politique de gauche puissant qui avait prétexté vouloir me faire travailler sur un futur livre et entretenait une relation amicale avec moi #MeTooPolitique
— M° E. TUAILLON-HIBON (@e_hibon) November 16, 2021
2. A l'époque je n'ai pas porté plainte par sentiment de culpabilité ("j'ai dû faire qqqch") puis sciemment, parce je ne voulais pas. Ce fut mon choix, je l'assume, mais c'est vmt personnel (disons que ma pratique pro ne me fait pas regretter).Zéro intention de callout + prescrit https://t.co/CgJ99C82Pf
— M° E. TUAILLON-HIBON (@e_hibon) November 16, 2021
Autre témoignage, anonyme celui-ci, d’une étudiante en droit, qui s’adresse à ses agresseurs. ”À l’homme politique qui m’a proposé de coucher pour une place sur une liste municipale et l’autre pour un stage à l’Assemblée nationale. Et à celui qui a essayé de m’humilier publiquement après une rupture. Il est temps que ça cesse.”
À l’homme politique qui a essayé de m’agresser aux UEPS, celui qui m’a proposé de coucher pour une place sur une liste municipale et l’autre pour un stage à l’AN. Et à celui qui a essayer de m’humilier politiquement après une rupture. Il est temps que ça cesse. #MeTooPolitique
— Mina (@bazimina) November 15, 2021
“Un grand escogriffe qui s’est jeté sur moi”
Une autre femme, Mie Kohiyama, 49 ans et aujourd’hui présidente de l’association MoiAussiAmnesie, accuse nommément le député Jean Lassalle. “Je réitère l’anecdote pathétique d’un grand escogriffe qui s’est jeté sur moi dans un ascenseur au Japon pour m’embrasser de force quand j’étais journaliste. Il est député et s’appelle Jean Lassalle”, écrit-elle.La secrétaire générale du groupe LFI au Conseil régional d’Ile-de-France, Mathilde Viot, relate également un épisode de harcèlement sexuel, sans citer l’homme en question. ”Une fois, un actuel candidat aux présidentielles, m’a dit avec son accent du terroir qu’il avait bien regardé mes fesses, et qu’à n’en pas douté elles rentreraient dans une seule de ses mains”, dit la co-fondatrice de “Chair Collaboratrice”, un collectif créé à la suite de “l’affaire Baupin” et composé de femmes politiques qui luttent contre ces violences.
Par solidarité avec le #metoopolitique dans lequel il est régulièrement cité.
Je réitère l'anecdote pathétique d'un grand escogriffe qui s'est jeté sur moi dans un ascenseur au Japon pour m'embrasser de force quand j'étais journaliste. Il est député et s'appelle Jean Lassalle. https://t.co/ummbtgoNhr— Mié Kohiyama (@MiKohiyama) November 15, 2021
#MeTooPolitique
Une fois, un actuel candidat au présidentielles, m’a dit avec son accent du terroir qu’il avait bien regardé mes fesses, et qu’à n’en pas douté elles rentreraient dans une seule de ses mains.— Mathilde Viot 🌈 ✊🏻🌿🚩 (@ViotMathilde) November 15, 2021
Et ce n’est pas fini. Moins d’une semaine après les témoignages à visage découvert de huit femmes affirmant avoir été agressées ou violées par PPDA dans Libération, les récits de victimes risquent de se multiplier.
Cet été, en stage à l’Assemblée, alors qu’on allait prendre l’ascenseur avec d’autres collègues collaboratrices, un député nous lâche sans pression « et ba dit donc, on ne m’a pas prévenu qu’il y avait défilé de mannequins aujourd’hui ! ». C’est non. #MeTooPolitique
— Auriane Dupuy (@AurianeDupuy) November 16, 2021
Un soir lors d’une réunion tardive avec une collègue et 2 clientes, un candidat régulier à la présidentielle connu pour son accent du terroir, interromp la réunion. Il a tenu à faire la bise aux 4 femmes présentes en nous mettant la main sur les reins. #metoopolitique#metoo
— Diane Jeanblanc (@DianeJblc) November 15, 2021
Moi aussi j'ai des casseroles sur la politique du sud-est. J'ai été lourdement harcelée par un élu (quand j'étais mineure 🤷🏽♀️) #MeTooPolitique
— Sonia Chabane (she/her) (@_IWDAFY) November 15, 2021
#MeTooPolitique
Il y a trois ans, j’étais en stage dans une télé locale. En reportage “exercice incendie”, nous grimpons, avec le maire et des pompiers, dans une nacelle. Une fois là-haut, le maire se colle derrière moi et me coince contre la barrière. https://t.co/WNBCTEvvlp— Juliette Vincent-Seignet (@jv_julietta) November 15, 2021
En 2018, le Conseil de l’Europe rappelait dans un rapport sur “la violence envers les femmes dans l’Union européenne” les difficultés des femmes ayant un rôle public, incluant les journalistes et les femmes politiques, à dénoncer ces faits et les rendre publics.
Le site www.metoopolitique.fr a été temporairement inaccessible quelques heures après sa mise en ligne. Les initiatrices du mouvement évoquent un “hackage” et dénoncent une volonté de “museler la parole des victimes et empêchant l’engagement des élu·e·s en faveur de la prévention des violences sexistes et sexuelles en politique”.
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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.
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