Avec #MeTooGarçons initié par Aurélien Wiik, les hommes témoignent par centaines

L’acteur français Aurélien Wiik a témoigné jeudi 22 février avoir été victime d’agressions sexuelles dans le cadre de son travail. Depuis, des hommes reprennent le #MetooGarçons.
LOIC VENANCE / AFP L’acteur français Aurélien Wiik a témoigné jeudi 22 février avoir été victime d’agressions sexuelles dans le cadre de son travail. Depuis, des hommes reprennent le #MetooGarçons.

#METOO - Après Judith Godrèche pour les femmes, le comédien Aurélien Wiik libère la parole des hommes. L’acteur de 43 ans, vu dans Munch, révélait jeudi avoir été victime de pressions et d’agressions sexuelles dans le cadre de son métier, et espérait recueillir d’autres témoignages avec le mot-clé « #MeTooGarçons ». Son souhait a été exaucé et des centaines d’hommes reprennent désormais ce hashtag sur les réseaux sociaux pour dénoncer les abus qu’ils ont subi mineurs.

Le comédien Aurélien Wiik révèle avoir subi des agressions dans le milieu du cinéma et lance un « #MeTooGarçons »

« J’ai été abusé de mes 3 à 4 ans par un prédateur, mort depuis donc sans possibilité d’avoir justice », a révélé le député LFI de Loire-Atlantique Andy Kerbrat, sur son compte X (ex-Twitter), ce samedi 24 février. Avant de poursuivre à l’adresse des victimes, comme lui : « Vous réaliserez de grandes choses donc continuez à vous exprimer. Si vous le pouvez, allez en justice. On ne guérit pas, mais on se répare. Ensemble. »

« Il était plus fort que moi. Je n’ai pas porté plainte. »

Dans ce nouveau mouvement, il n’y a pas que des personnalités publiques ou connues qui ont repris le #MeTooGarçons. Bien au contraire, ce sont surtout des hommes de la société civile qui se sont approprié le hashtag pour témoigner. Mika est l’un d’entre eux, il raconte sur X : « La première fois, j’avais sept ans. Ça a duré un an. Il a été protégé, et tout le monde a menti pour lui. La seconde, j’en avais 28. Je l’aimais bien. J’ai dit non, il a dit oui, il était plus fort que moi. Je n’ai pas porté plainte. »

« J’avais 6 ans. Mon cousin, 18 ans. Dans la famille c’était l’omerta. Je n’ai jamais arrêté de me sentir sale et coupable de ne pas avoir réagi », se livre de son côté Ramir Almeida, aujourd’hui professeur d’éducation musicale.

Dans un fil de messages, un autre internaute relate sa première expérience sexuelle, lorsqu’à seulement 11 ans un homme, de 10 ans son aîné, lui demande de se masturber « devant la caméra ».

Il évoque aussi sa relation d’emprise avec son premier amour alors qu’il n’avait que 17 ans : « j’ai passé 5 mois (...) à me faire violer tous les jours, c’était ma première fois et aujourd’hui j’essaye encore de surpasser le trauma[tisme], l’humiliation quotidienne qu’il m’a fait subir et de retrouver confiance en moi », admet-il douloureusement.

« Beaucoup d’hommes se sentent enfermés dans leur histoire »

Autre témoignage très fort, raconté par Sébastien Tüller, responsable LGBTI+ pour l’ONG Amnesty International, qui illustre le fait que les relations d’emprise peuvent aussi toucher les personnes sensibilisées à la question. « J’avais 21 ans et c’était mon premier pote gay (...) Pour beaucoup, c’était inconcevable qu’un “mec comme moi’” puisse être abusé par un autre mec sans pouvoir réagir », écrit-il sur X, et en profite pour glisser un message de sensibilisation : « Un rapport sexuel non consenti est un viol. C’est aussi simple que cela, il n’existe aucune zone d’ombre ».

Le réseau social X recense près de 15 000 messages sous ce hashtag, qui figure parmi les mots-clés les plus utilisés ce week-end.

Le #MeToo des hommes a toute son importance pour faire progresser notre société, a jugé ce dimanche matin Violaine de Filippis, avocate et porte-parole d’Osez le Féminisme ! au micro de BFMTV. « Il y a beaucoup d’hommes qui se sentent enfermés dans leur histoire, qui n’osent pas parler notamment à cause des stéréotypes », explicite-t-elle.

Pour l’autrice de Classées sans suite : Les femmes victimes de violences face à la justice, la libération de la parole est plus difficile pour les hommes que pour les femmes à cause notamment de l’éducation des petits garçons qui « grandissent encore avec l’idée qu’il ne faut pas pleurer, qu’il faut être digne et courageux ».

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