Metoo : qui est Patrick Pelloux, accusé d'être un "prédateur sexuel" ?

L'urgentiste, un proche de François Hollande décoré de la légion d'honneur et défenseur de l'hôpital public, est un habitué des plateaux télé.

Patrick Pelloux, médecin urgentiste médiatisé, est accusé de propos et de gestes déplacés, qu'il dément. (Photo by AFP)
Patrick Pelloux, médecin urgentiste médiatisé, est accusé de propos et de gestes déplacés, qu'il dément. (Photo by AFP)

La vague #Metoo de libération de la parole touche désormais l'hôpital français. Une enquête de Paris Match pointe du doigt le comportement à l'hôpital de plusieurs médecins dont l'un, très médiatisé, Patrick Pelloux. Ancien chroniqueur de Charlie Hebdo et proche de François Hollande, l'urgentiste était en première ligne médiatique lors de la pandémie de Covid.

Il est fréquemment invité des plateaux télé pour alerter sur l'état du système de santé en France ou dénoncer certains projets politiques sur la santé comme la suppression de l'aide médicale d'État. Mais cette figure bien connue des Français est au cœur de la tourmente après des accusations provenant notamment du Dr Karine Lacombe. Accusations que le médecin réfute toutefois dans les pages de l'hebdomadaire.

La canicule de 2003, acte fondateur de sa notoriété

En 1997, Patrick Pelloux crée puis préside l'AMUF, l'Association des Médecins Urgentistes de France, ce qui lui assure une visibilité médiatique. Cette exposition lui permet de défendre publiquement l'hôpital public et le service public qui y est rendu. Mais Patrick Pelloux sort réellement de l'anonymat à l'été 2003, lors de la canicule qui fera environ 15 000 morts, soit une surmortalité de 55%.

La classe politique de l'époque sous-estime le phénomène. Le ministre de la Santé Jean-François Mattei prend la parole au "20 Heures" de TF1, en duplex depuis sa maison de vacances du Var. Le ministre de la Santé est dans le jardin, porte un polo noir et tient des propos rassurants. La Direction Générale de la Santé (DGS) évoque des "morts naturelles".

Un coup de gueule qui le rend célèbre

"Qu'est-ce qu'ils foutent, la Direction générale de la Santé, ils se moquent de qui ? Le problème est bien réel, nous avons des malades qui sont en train de mourir, qui meurent peut-être plus tôt qu'ils n'auraient dû, mais ils n'auraient pas dû mourir", dénonce alors sur France 3 Patrick Pelloux, président des médecins urgentistes hospitalières de France, depuis les urgences de l'hôpital Saint-Antoine à Paris.

VIDÉO - Le coup de gueule de Patrick Pelloux sur France 3

Un poste aux urgences de Saint-Antoine dont il aurait été exfiltré en 2008 en raison d’"accusations répétées de violences verbales et sexuelles", selon l’entourage de sa prédécesseure Roselyne Bachelot, cité dans Paris Match. Lui, à l’époque, parlait de harcèlement à son encontre.

L'alerte lancée par le médecin urgentiste, alors âgé de 40 ans, contribue à sa notoriété dans l'opinion publique. L'année suivante, il se voit confier une rubrique dans Charlie Hebdo où il relate des anecdotes de son quotidien aux urgences. Une chronique qu'il tiendra pendant douze ans.

Chroniqueur à Charlie Hebdo, il aurait dû être présent lors de l'attentat

Lors de l'attentat qui touche la rédaction, le 7 janvier 2015, il aurait dû être au journal. Mais il participait en même temps à une réunion "pour mieux organiser les secours en France entre les pompiers, les urgences et les Samu". Il est l'un des premiers prévenus de la tuerie, et se rend sur place avec les participants de la réunion à laquelle il assistait, dont le médecin-chef de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, et le Dr François Braun, chef du service des urgences de l'hôpital de Metz et futur ministre de la Santé.

"En montant les escaliers, plus j'avançais, plus je voyais du sang. De plus en plus. Partout. La porte du journal s'ouvre, j'entre... C'est fini. À l'instant T, je sais, d'un coup. L'horreur", écrit-il. Ceux qui étaient morts "avaient la tête ouverte, ce n'était pas possible", décrit-il dans son livre, "L'Instinct de vie", qui revient sur sa reconstruction après l'attentat.

Il participe à plusieurs émissions dont Fort Boyard

Au fur et à mesure des années, ses apparitions à la télévision se font de plus en plus fréquentes. Il est à plusieurs reprises sur le plateau du Magazine de la santé sur France 5, participe à Fort Boyard en 2012. Sa popularité grimpe. En 2019, un sondage du Parisien en fait même la septième personnalité la plus influente en France, devançant notamment Tony Parker, Thomas Pesquet ou encore Jean-Luc Mélenchon. "Je suis devenu populaire", explique-t-il dans un entretien au "Temps des médias" en 2014.

"De gauche parce que je crois en la culture, l’éducation et les services publics"

Un comble pour un homme qui se revendique "de gauche parce que je crois en la culture, l’éducation et les services publics. On m’attend sur la santé mais ce qui est marrant, c’est qu’on me demande d’intervenir sur la défense des sans papiers, sur des causes sociales ou environnementales", poursuit-il dans ce même entretien.

Il signe plusieurs tribunes pour s'opposer à la loi immigration, pour l'abandon du débat sur l'identité nationale lancé par le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale Éric Besson en 2009, en soutien à des travailleurs étrangers en situation irrégulière ou encore pour sensibiliser au mal logement.

Souvent évoqué mais jamais candidat en politique

Surtout proche de François Hollande, qu'il prévient personnellement lors de l'attentat de Charlie Hebdo, Patrick Pelloux est décoré de la légion d'honneur en juin 2015. "C’est parce que vous avez fait le bien qu’aujourd’hui la République vous distingue", déclare le chef de l'État lors de la cérémonie.

Lors des Européennes en 2014, son image figure sur la profession de foi du parti Nouvelle Donne, ce qui le rend furieux. "Non, non et non, je ne suis pas candidat à l'élection européenne. […] Je suis furieux car justement, ce mouvement se voulait neuf et je me fais avoir. Je voulais les idées et ils ne voulaient que mon image. Ras le cul", écrit-il sur Facebook. Avant les municipales de 2020, il confie : "Anne Hidalgo m’a proposé (d’être sur les listes) et c’est super gentil, mais je n’ai pas le temps. Ce ne serait moralement pas honnête de prendre un engagement de proximité et continuer mon travail à l’hôpital". Lors des dernières législatives, il s'était déplacé pour soutenir certains candidats de la Nupes.