MeToo dans le cinéma : Karin Viard livre un témoignage glaçant dans « C à Vous »
L’actrice, qui se dit victime, se souvient qu’à l’époque, elle « trouvait tous ces comportements inappropriés assez normaux ».
CULTURE - Son témoignage dévoile l’ampleur de la problématique des violences sexuelles dans le cinéma. L’actrice Karin Viard était l’invitée de l’émission C à Vous ce lundi 26 février et a témoigné sur le silence qui régnait dans le milieu ces dernières décennies. Pire, elle se souvient que les comportements dénoncés aujourd’hui étaient jugés « normaux ».
« Quand on me dit que tout le monde était complice, à ce compte-là je l’étais aussi, je trouvais tous ces comportements inappropriés assez normaux », déclare-t-elle. Un aveu choquant pour celle qui affirme dans le même temps être une « victime ».
"Quand on me dit que tout le monde était complice, à ce compte-là je l'étais aussi, je trouvais tous ces comportements inappropriés assez normaux, j'ai vécu et grandi là-dedans, on ne voyait pas où était le problème."#MeToo : Karin Viard dans #CàVous pic.twitter.com/OpkBPz4xn8
— C à vous (@cavousf5) February 26, 2024
« J’ai vécu et grandi là-dedans, au fond se faire un peu peloter... je ne songeais pas à dire : “Mais ça ne va pas du tout ! Il faut qu’on dénonce ce genre de comportement” », poursuit la comédienne à l’affiche du film Madame de Sévigné, qui sort en salles ce mercredi.
Le cinéma complice ? « Oui et non », selon Karin Viard
Karin Viard affirme qu’elle a dû se « défendre toute seule dans (s)on coin » pendant que « types très bien ne réagissaient pas ». Elle est soulagée de voir qu’aujourd’hui la situation a changé, mais réfute encore une fois le terme de « complice » pour tous les témoins restés silencieux. « On ne voyait pas où était le problème », insiste-t-elle.
« Ce silence assourdissant du cinéma qui serait complice de certains agissements à la fois oui et à la fois non. Certains oui. Mais la plupart des gens n’étaient pas spécialement complices. C’est comme si tu ne te posais pas la question », renchérit-elle. « Ce sont des comportements inappropriés que tu acceptes, tu ne sais même pas pourquoi. Tu ne te poses pas la question en fait. »
L’actrice de 58 ans évoque ensuite Judith Godrèche, qui a libéré la parole après avoir accusé les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon de viol. Alors adolescente, Judith Godrèche avait une relation « sous emprise » avec le premier qui avait 35 ans de plus qu’elle.
Victime de Gérard Depardieu
« Je me souviens très bien avoir su que cette fille très jeune s’était mise avec ce mec très vieux et de m’être dit : “Elle est vachement mature pour son âge”. Tu ne songeais pas à te dire “il y a un truc qui ne va pas du tout” », reconnaît Karin Viard.
Mais pour elle, ce n’est pas qu’un problème dans le cinéma, c’est un problème de la société. Elle cite un exemple : « Moi je suis arrivée dans mon boulot je trouvais ça normal d’être payée moins qu’un homme. Pourquoi, je ne sais pas. Heureusement maintenant on s’interroge. »
Enfin, Karin Viard est revenue sur les accusations portées ce lundi matin contre Gérard Depardieu, déjà visé par cinq plaintes. La comédienne a en effet dévoilé que l’acteur l’avait touchée sur le tournage du film Potiche sorti en 2010. « Je ne dénonce pas du tout. Il a essayé, je lui ai dit fous moi la paix, et il a arrêté immédiatement », balaye-t-elle.
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