Les mercenaires de Wagner sont-ils encore une menace pour la Pologne ?

“Le contrôle du groupe Wagner revient directement au président Poutine […]. Il constituera encore un instrument de provocation […] et de déstabilisation des pays voisins de la Biélorussie”, n’a pas hésité à lancer en conférence de presse le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, au lendemain de la mort d’Evgueni Prigojine, rapporte le quotidien polonais conservateur Rzeczpospolita.

Une affirmation volontiers contredite par les experts s’exprimant dans la presse polonaise, alors que le pays s’interroge sur les futures capacités de nuisance du groupe de mercenaires.

“Cet exil” biélorusse, consécutif à la rébellion du 23 juin, n’était qu’une solution temporaire au “problème wagnérien pour les dirigeants russes”, estime par exemple Grigory Nizhnikov, de l’Institut finlandais des relations internationales, interrogé par la Deutsche Welle et cité par Rzeczpospolita. Et l’analyste de prédire un prochain départ du restant des troupes de Wagner du territoire biélorusse.

Un retrait qui semble inéluctable selon la chaîne télévisée polonaise TVN24, s’appuyant sur les informations de l’édition biélorusse de Radio Free Europe, qui a pu constater le démantèlement d’un camp de “wagnériens” en Biélorussie le 23 août, à proximité de Tsel.

“Les wagnériens en tant que groupe vont probablement s’effondrer”, confirme Krystyna Kurczab-Redlich au média économique Money.pl. “Ils gagneront moins bien leur vie sous l’égide [du ministre de la Défense Sergueï] Choïgou”, poursuit cette ancienne correspondante polonaise en Russie.

Wagner à l’envers

“En Biélorussie, le contingent fidèle aux activités de sabotage contre la Pologne et la Lituanie se retrouve affaibli”, argumente l’hebdomadaire libéral Polityka, qui ajoute que, “sans Prigojine, il n’y aura pas de source de financement. Les wagnériens seront donc à la merci de ceux qui sont prêts à les payer”. Mais la menace ne “disparaît pas” pour autant, avertit le média.

Une dizaine de jours avant la mort de Prigojine, le ministère de la Défense polonais, prompt à surfer sur les menaces en cette période électorale, avait justement annoncé le déploiement d’une nouvelle force opérationnelle en Podlachie, à la frontière avec la Biélorussie. Son nom de code ? Rengaw, soit “Wagner” à l’envers. Un clin d’œil à peine voilé à “l’opération américaine Ortsac” (Castro à l’envers) de 1962, en pleine crise des missiles à Cuba, souligne Polityka.

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