Mercato: pourquoi le Bayern prend vent sur vent depuis le départ annoncé de Tuchel
Que se passe-t-il à la Säbener Strasse, le siège du Bayern Munich ? Ce n’est un secret pour personne, depuis février et l’annonce du départ en fin de saison de Thomas Tuchel, le Bayern Munich cherche un nouvel entraîneur.
Deux mois plus tard, et alors qu’il semblait accélérer dans ses recherches, non seulement le Bayern Munich n’a pas avancé dans sa quête, mais il s’est en plus fait éconduire par la plupart des entraîneurs approchés. Aucun technicien cité pour occuper le banc après le départ de Thomas Tuchel n’a souhaité répondre favorablement à la proposition du Bayern Munich, si bien que l’ex-entraîneur du Paris Saint-Germain pourrait finalement rester.
Inimaginable il y a encore quelques jours, quand le Bayern Munich pensait pouvoir annoncer le nom de son nouvel entraîneur après la demi-finale retour de Ligue des champions contre le Real Madrid. "Je ne l’excluerais pas", glissait le directeur sportif, Christoph Freund. Les dirigeants bavarois espéraient Ralf Rangnick.
Ils étaient même certains que le théoricien du fameux "gegenpressing", mentor de toute une génération de techniciens en Allemagne, serait leur prochain entraîneur. "Nous sommes en bons termes avec Ralf, mais il faut maintenant attendre quelques jours pour voir si cela se concrétisera", expliquait Herbert Hainer, le président du conseil de surveillance, autrefois patron d’Adidas.
Las, après Xabi Alonso et Julian Nagelsmann, respectivement maintenus à la tête du Bayern Leverkusen et de la sélection allemande, Ralf Rangnick a refusé le poste pour la deuxième fois, préférant poursuivre sa mission avec l’Autriche. Le technicien de 65 ans ne se voyait pas mener de front une double vie, et entamer dès cet été un chantier énorme à Munich, avec l’Euro 2024 en Allemagne à préparer en parallèle. Après lui, Roberto De Zerbi devrait être le prochain à tourner le dos au Bayern Munich.
"Que veulent-ils comme coach ?" Polo Breitner, notre spécialiste du football allemand, s'interroge sur la lisibilité du projet munichois. "Je pense que c’est tout le problème du Bayern Munich." Le Bayern vise-t-il un entraîneur à moyen terme, pour préparer l’arrivée éventuelle en 2025-2026 de Xabi Alonso, qui était leur priorité cet été, ou bien envisage-t-il un entraîneur à long terme ? "Ralf Rangnick aurait été très intéressant, on aurait pu commencer à préparer le terrain pour l’arrivée d’un entraîneur comme Jürgen Klopp", imagine Polo Breitner.
Les vieux éléphants font la loi
Sur le départ à Liverpool, Jürgen Klopp ne prendra pas de banc cet été. Il a décidé de prendre un congé sabbatique au terme de son contrat avec les Reds. La fatigue accumulée à un poste surexposé médiatiquement l’a poussé à se mettre en retrait, l’usure mentale ayant pris le dessus sur sa passion pour ce club dont il était devenu la coqueluche.
En Allemagne, Jürgen Klopp demeure un mythe, et un retour à l’été 2025, après dix ans d’absence, provoquerait forcément une certaine stupeur mêlée d'émerveillement outre-Rhin. Les dirigeants du Bayern Munich l’ont-ils seulement envisagé parmi les scénarios plausibles ? Nul ne le sait.
"Au sein du Bayern, il existe différentes tendances. Il est important de comprendre qu’à l’intérieur du club, ceux qui doivent théoriquement décider se font systématiquement griller la politesse par les vieux éléphants, qui ont conservé une énorme influence."
Après les départs d’Oliver Kahn et d’Hasan Salihamidzic à l’issue du précédent exercice, émaillé par de nombreuses tensions en coulisses, d’anciens dirigeants du Bayern Munich sont revenus aux affaires, sans se départir de leurs anciens réflexes, et notamment cette intransigeance qui a coûté leur poste à un grand nombre d’entraîneurs (Ancelotti, Kovac, Flick, Nagelsmann, Tuchel…) depuis 2016.
"Coach du Bayern, ça devient délicat, on peut être viré pour un oui ou pour un non", constate Polo Breitner
"Dès qu’un entraîneur arrive, il peut avoir un palmarès extraordinaire, il se fait dézinguer. Ancelotti a été méprisé alors qu’il est le meilleur coach de sa génération." Forcément, cela effraie.
La vieille garde incarnée par Uli Hoeness et Karl-Heinz Rummenigge n’a pas toujours fait les bonnes analyses depuis la fin de l’ère Guardiola, insiste notre spécialiste. "Il est important d’analyser ce qui s’est passé dans la dernière décennie pour comprendre ce qui se joue actuellement. Le Super Bayern est mort depuis des années, mais on ne veut pas le dire."
Que peut-il se passer désormais ? "Max Eberl (ndlr, le directeur du football) va proposer des noms et puis ils discuteront ensemble, c’est toujours comme ça que ça fonctionne", explique Polo Breitner. "Pour moi, un outsider qui pourrait arriver, mais je ne sais pas s’il a les épaules pour le Bayern, c’est Roger Schmidt. Il jouit d’une cote extraordinaire en Allemagne."