Ukraine : pourquoi acheter des pastilles d’iode en pharmacie n'est pas une bonne idée

En temps normal, les comprimés d'iode sont distribués à titre préventif pour les personnes habitant à proximité des centrales nucléaires.

Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, des Français se ruent dans les pharmacies pour se procurer des gélules d'iode afin de limiter les potentiels risques pour leur santé face à la menace nucléaire. Pourquoi ce n'est pas une bonne idée ?

C'est un effet inattendu de la guerre en Ukraine. Depuis 6 jours et le début de l'invasion russe en Ukraine accompagnée de la prise de contrôle de la centrale à l’arrêt de Tchernobyl, les pharmacies françaises et belges voient un grand nombre de patients se fournir en pastilles d'iode. Les récentes déclarations de Vladimir Poutine augmentent la menace d'une guerre nucléaire, poussant de nombreuses personnes à vouloir se protéger d'une éventuelle attaque. En effet, ces comprimés d'iode sont réservés en temps normal, à titre préventif, aux riverains habitant proche des centrales nucléaires.

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Il y a quelques semaines, le ministère de l'Intérieur à d'ailleurs lancé la deuxième phase de la campagne préventive de distribution de comprimés d'iode aux riverains habitant à moins de 20 kilomètres des 19 centrales nucléaires françaises. La prise de ces comprimés permet de protéger la thyroïde de l'iode radioactif qui pourrait être rejeté en cas d'accident nucléaire. Avec ces gélules, la thyroïde absorbe l'iode stable jusqu'à saturation et ne pourra donc plus assimiler l'iode radioactif potentiellement respiré. En ingérer permet donc de prévenir le cancer de la thyroïde.

"Pas nécessaires dans ce cas spécifique"

Sur con compte Twitter, l'Agence fédérale de contrôle nucléaire a indiqué que la prise de ces médicaments n'est pas nécessaire dans une telle situation, et qu'il faut n'en prendre qu'en cas de recommandation des autorités.

Il est important de rappeler que ces gélules ne sont pas une parade absolue contre les effets d'une exposition aux rayonnements ionisants sur la thyroïde et l'organisme de manière générale. L'institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire rappelle que "la prise de comprimés d'iode stable ne protège pas contre les autres éléments radioactifs (comme le césium 134 ou le césium 137) potentiellement rejetés". Même en cas d'accident, les comprimés d'iode doivent uniquement être ingérés sur instruction des autorités. Il ne faut jamais prendre préventivement, de sa propre initiative, un comprimé d'iode.

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Des risques pour les plus de 40 ans

De plus, il faut savoir que plus l'âge avance, moins le risque de cancer de la thyroïde suite à la prise d'iode radioactif est élevé. Passé 40 ans, les désavantages de la prise de comprimés, comme les effets indésirables tels que les problèmes cardiaques, peuvent être plus importants que les avantages comme éviter le cancer de la thyroïde. Même si elles sont rares, il existe des contre-indications à l'iode à l'âge adulte comme l'hyper-thyroïdie ou des cas exceptionnels d’hypersensibilité à l'iode, explique le professeur Martin Schlumberger à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Risque relatif de cancer de la thyroïde après une exposition à l'iode radioactif comparé au risque relatif d'effets secondaires après absorption d'iode stable. (AFCN)
Risque relatif de cancer de la thyroïde après une exposition à l'iode radioactif comparé au risque relatif d'effets secondaires après absorption d'iode stable. (AFCN)

En cas d'alerte nucléaire, le gouvernement rappelle que les réflexes à adopter sont se mettre à l'abri dans un bâtiment en dur, se tenir informer via les médias et les réseaux sociaux, ne pas aller chercher ses enfants à l'école, limiter ses communications téléphoniques, prendre des comprimés d'iode stable mais uniquement sur instruction du préfet et selon la posologie et se préparer à une éventuelle évacuation.

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