Mediator : l'heure des comptes

5 millions de Français ont consommé ce médicament. Malgré de nombreuses alertes, le laboratoire et les autorités sanitaires n’ont pas réagi. Le procès s’ouvre

Tic-tac. Tic-tac. Tic-tac. Le soir, dans son appartement du nord de Cannes, quand Patricia Picot ferme les yeux pour s’endormir, un bruit de réveil venu de sa poitrine l’empêche de trouver le sommeil. « Tourne-toi de l’autre côté », lui dit son compagnon, lui aussi gêné par le cliquetis.
Cette ancienne gestionnaire immobilière de 67 ans, qui avoue un faible pour les films de Lelouch, a pris du Mediator pendant quinze ans. Il lui avait été prescrit par son endocrinologue pour quelques kilos en trop. Ses valves cardiaques, abîmées par le médicament de Servier, ont dû être remplacées par des prothèses mécaniques. Leurs petits clapets en titane sont responsables de ce « bruit insupportable ». Impossible pour Patricia de passer la nuit sans somnifère.

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Les médecins ont dit à mes filles que j'étais foutue

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C’est lors d’une hospitalisation pour une bronchite carabinée, en 1995, qu’elle apprend que ses troubles respiratoires s’expliquent, en réalité, par une double valvulopathie. Au moindre effort, c’est l’essoufflement. Patricia ne peut pas monter plus d’un étage ni passer l’aspirateur. « A bout de forces », elle est finalement opérée en 1999 puis à nouveau en 2011. « Lors de la seconde intervention, je suis restée dans le coma plusieurs jours. Les médecins ont dit à mes filles que j’étais foutue. C’était très dur mais je m’en suis sortie », raconte-t-elle avec émotion. Depuis, elle a une cicatrice de douze centimètres sur le thorax. Elle prend un traitement anticoagulant à vie, et des antibiotiques à la moindre infection car il lui faut absolument éviter d’endommager ses nouvelles valves. Reconnue invalide, elle a été licenciée après la seconde intervention. Le lien entre sa maladie et le Mediator a, depuis, été établi(...)


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