Mayotte: la démolition d'un vaste bidonville a débuté dans le cadre de l'opération "Wuambushu"
Aux premières heures de la journée de lundi, les pelleteuses sont entrées en action lundi matin à Mayotte pour démolir les cases en tôle insalubres de Talus 2. Il s'agit de l'un des plus importants bidonvilles de ce territoire français de l'océan Indien, département le plus pauvre de France, ont constaté des journalistes de l'AFP.
40 familles relogées
Ce "décasage" a commencé vers 7h30 locales (6h30 à Paris) dans le quartier de Majicavo, sur la commune de Koungou.
Les autorités ont déployé depuis avril des centaines de policiers et gendarmes à Mayotte pour préparer et mener une série d'interventions des services sécuritaires et sociaux regroupées sous le nom de "Wuambushu" ("reprise" en mahorais).
"Ce quartier a été qualifié d’insalubre par l’ARS. L’insalubrité du quartier et la nécessité de le démolir ont été confirmées par le juge. On a enquêté 86 familles aujourd’hui on a déjà relogé 40 familles", dit, à BFMTV, Thierry Suquet, préfet de l'île.
Dans la matinée, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a également réagi, sur Twitter, à cette opération. "Le volontarisme politique paye: nous continuons la destruction des bidonvilles, dans lesquels habitaient de nombreuses familles dans des conditions indignes, en proposant des relogements", écrit-il.
"L’État est aux côtés des Mahorais pour assurer la sécurité et la salubrité de la magnifique île de Mayotte", promet l'homme fort de Beauvau.
135 cases à détruire
Cette opération, qui vise à réduire l'habitat insalubre et à expulser les migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus de l'archipel des Comores voisines, était quasiment au point mort depuis son lancement il y a près d'un mois.
Prévue initialement le 25 avril, la démolition de l'important bidonville baptisé Talus 2 avait été suspendue par le tribunal administratif, avant que deux nouvelles décisions de justice ne donnent raison à l'État, la dernière datant de mercredi.
Tôt lundi matin, des gendarmes équipés de pied de biche sont entrés dans les habitations pour vérifier que personne ne se trouvait à l'intérieur avant le début des démolitions, selon des journalistes de l'AFP sur place. L'électricité et l'eau ont été coupées.
A partir de 7h30 locales, les pelleteuses ont commencé à détruire le bidonville, fracassant les murs en dur et écrasant la tôle dans un bruit métallique sourd. La démolition de Talus 2 "devrait durer toute la semaine", a précisé devant la presse Psylvia Dewas, chargée de la résorption de l'habitat illégal à la préfecture de Mayotte.
Il s'agit de détruire 135 cases en tôle dans ce quartier informel, sur un millier de logements insalubres promis à la destruction dans les prochains mois à Mayotte.
Opération "brutale"
"Wuambushu" est dénoncée comme "brutale", "anti-pauvres" et violant les droits des migrants par des associations, mais soutenue par les élus et de nombreux habitants mahorais.
L'opération est l'objet d'un bras de fer entre Paris et Moroni qui a entraîné la suspension de la liaison maritime entre Mayotte et la proche île comorienne d'Anjouan pendant près de trois semaines. Les expulsions de sans-papiers comoriens ont pu reprendre mercredi dernier à la faveur du redémarrage des rotations.
Sur les 350.000 habitants estimés de Mayotte, la moitié ne possède pas la nationalité française.