En Mayenne, un éleveur de vaches contraint de retirer les cloches de ses animaux à cause du bruit

En montagne, équiper les vaches de cloche est une pratique courrante. Mais en Mayenne, son utilisation par un éleveur semble loin de convaincre le reste des habitants (Photo d’illustration).
JEAN-PIERRE CLATOT / AFP En montagne, équiper les vaches de cloche est une pratique courrante. Mais en Mayenne, son utilisation par un éleveur semble loin de convaincre le reste des habitants (Photo d’illustration).

FRANCE - Une querelle de cloche(r). Depuis plusieurs semaines déjà, un problème de nuisances sonores est venu briser la tranquillité de la commune de Villepail, en Mayenne. La faute aux cloches accrochées au cou des bovins d’un éleveur, visiblement dépassé par la colère du voisinage.

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Toutefois, depuis vendredi 24 mai, le problème semble définitivement avoir été réglé. La préfecture du département, contrainte de dépêcher des inspecteurs sur les lieux de la discorde après une pétition, a constaté le retrait des cloches que portaient jusqu’à maintenant les vaches du Gaec de Val de Pail, appartenant à l’éleveur Pierre Damonneville.

« C’est invivable »

Bref retour en arrière. Début mai, dans cette commune du nord de la Mayenne, l’agacement des habitants connait un point d’orgue. Depuis plusieurs semaines, mois, voire années pour certains, ils expriment leur ras-le-bol face au bruit provoqué par les cloches portées par certaines vaches de Pierre Damonneville. Détenteur de 100 vaches laitières et 20 vaches nourrices, cet éleveur admet volontiers que 20 bêtes sont porteuses de cloches (France Bleu Mayenne en compte une trentaine).

Mais argue-t-il, « la zone est hypervallonnée, il est impossible d’entendre les cloches à cette distance. Seuls deux habitants sont concernés par le problème, de par la proximité. Le reste est entre 1 à 3 km de l’exploitation, c’est de la méchanceté ».

Néanmoins, certains habitants du village avancent auprès de France Bleu que l’éleveur mis en cause n’a clairement pas besoin de cloches, compte tenu de l’altitude et de l’espace restreint sur ses parcelles. Pour un garagiste du coin témoigne : « Quand elles sont là, je ne peux même plus décrocher le téléphone tellement il y a de bruit. C’est invivable ». « L’été, si on a besoin de dormir avec les fenêtres ouvertes, ce n’est pas possible », ajoute-t-il.

L’éleveur mis en cause avance une autre hypothèse auprès de France 3. Directement lié à sa vie privée. « Il y a de l’homophobie aussi également, on cherche à m’abattre », assure Pierre, qui habite avec son conjoint.

La pétition de la discorde

L’affaire a pris une telle ampleur qu’une pétition circule. Elle a été signée par une « soixantaine d’habitants », dit Pierre Damonneville, qui a de son côté pris un avocat, assurant n’avoir jamais été informé de la gêne occasionnée par les cloches. Finalement remise au maire, la pétition a depuis fait l’objet d’une enquête par les services de l’État. Avec une possible mise en demeure à la clé.

« Je souhaite avoir accès à cette pétition (...) Savoir qui en est à l’origine, qui a signé. Personne n’est venu me rencontrer par rapport à ça : je l’ai découvert par le contrôle, début avril ». Ce fameux contrôle qu’évoque Pierre exige qu’il retire ses cloches, au motif que les vaches ne se trouvent pas en montagne. Lui défend son dispositif, nécessaire pour retrouver plus facilement ses bêtes au milieu des pâturages.

Auprès de France Bleu, l’adjointe municipale Élise Durand a choisi de défendre ses administrés. « Quand elles sont dans la pâture, auprès des habitations, c’est toute la journée, 24 heures sur 24, sauf quand elles vont bien sûr à la traite. Là, on a un moment de répit. On ne s’entend même pas parler. Des gens ont pris leur voiture pour aller dormir ailleurs, dormir dans leur voiture, plus loin, dans la forêt », raconte-t-elle.

L’avocat de Pierre, répond quant à lui qu’« il n’y a aucune position dans la réglementation aujourd’hui en France qui interdit ou qui limite l’usage de ces cloches ».

« Divagations » persistantes

Comme le relate Ouest-France ce lundi 27 mai, la préfecture est donc bien venue constater le retrait effectif des cloches. Pour autant, le différend ne semble pas complètement réglé, malgré l’absence de mesure contraignante pour l’éleveur mis en cause.

Les habitants du village se plaignaient également des « divagations » des vaches de Pierre Damonneville, l’accusant de ne pas faire suffisamment attention à ses bêtes et ses clôtures. Un problème visiblement persistant pour Serge Milon, patron de la direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations, qui note à ce titre que « malgré tout, le différend continue avec le voisinage ».

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