Mayence, la Bundesliga, un éventuel retour en Ligue 1... les confessions d'Anthony Caci à RMC Sport

Comment se passe la vie à Mayence, où vous êtes depuis une saison et demie après votre départ de Strasbourg?

Dès que je suis arrivé, je me suis tout de suite bien acclimaté. Ma famille vient de Moselle, c'est à côté, à 1h15 en voiture d'ici. Ça a été un avantage pour moi. Les weekends, je pouvais rentrer voir mes parents. Ma mère parle très bien l'allemand, en plus. De jour en jour, je comprends de plus en plus de choses en allemand. On a deux heures de cours par semaine, mais on apprend toujours moins que dans la vie réelle. J'apprends beaucoup à travers mes coéquipiers, juste en écoutant et en essayant de parler. Je suis à 80% avec l'allemand, mais pas encore à 100%. Le parler dans une interview, par exemple, c'est encore un peu dur pour moi. Mais sur le terrain, les mots du football, on les connaît.

La première saison s'est plutôt bien passée. Josuha Guilavogui et Ludovic Ajorque vous ont rejoint et Mayence a terminé à la 9e place.

C'était très bien! Mayence est un club qui cherche toujours à se maintenir. Et on a fini à quatre points de la Ligue Europa Conférence. Ce n'est pas rien, c'est une très bonne saison pour le club. On a fait une super série (dix matchs sans défaite au printemps 2023, ndlr), on faisait vraiment de bons matchs. On n'avait peur de personne et les équipes nous craignaient. En plus, tout le monde s'entend bien, il n'y a que des bons mecs ici. L'ambiance est bonne. C'est un club famille, il n'y a pas de grandes stars dans l'équipe. Encore hier, on a fait un petit restaurant tous ensemble pour la cohésion. Et puis le groupe de Français... on connaît! Ils sont toujours ensemble dans les clubs! Mais tout le monde s'entend bien avec tout le monde, c'est l'essentiel.

Mais cette saison, c'est difficile. Mayence est 17e avec seulement deux victoires.

Cette saison, c'est plus dur. On a eu plein de petites choses qui ont fait que ça ne se passe pas comme la saison précédente. On a eu des Covid, des blessés, des grosses blessures, un changement d'entraîneur, un deuxième changement de coach. On sait que le football c'est comme ça. Il faut l'accepter. Maintenant, on fait tout pour changer les choses. On a beaucoup de retard, c'est sans doute ce qui est le plus dur. Mais on prend match après match, en se disant que, peu importe l'adversaire, il faut tout donner et prendre des points.

"La Bundesliga, c'est le deuxième meilleur championnat du monde"

Ce qui est paradoxal, c'est que ça va pour vous sur le plan purement individuel. Vous êtes titulaire, vous enchaînez les rencontres de 90 minutes. Sauf que l'équipe ne tourne pas.

On a une part de responsabilité en jouant souvent alors qu'on perd les matchs. Mais je pense que le club et les entraîneurs ont confiance en moi. Il faut que je la garde et que leur montre sur le terrain. Je pense néanmoins faire plutôt bien faire mon travail cette saison. Sinon, je ne jouerais pas. On peut toujours faire mieux, c'est certain, surtout quand on est aussi bas au classement. Mais c'est dur de faire beaucoup mieux parce qu'on a la tête baissée collectivement quand on perd chaque week-end. On se dit qu'il faut relever la tête pour gagner de nouveau, reprendre des points.

Vous avez été utilisé à plusieurs postes cette saison. Vous êtes piston gauche en principe, mais dernièrement vous avez évolué en défense centrale. C'est une bonne chose?

Je suis au service de l'équipe, je réponds aux attentes. Les lundis et mardis à l'entraînement, je ne sais pas à quel poste je vais jouer le week-end. Contre le Bayern (samedi 9 mars à 15h30), je pense que je vais jouer défenseur central, mais je n'en suis pas sûr à 100%. Mais c'est vrai que pour revenir sur ma polyvalence, ça a toujours été un point positif pour le club et les entraîneurs. Ils savent qu'ils peuvent compter sur moi à plusieurs postes. Un coach se dit que s'il y a un blessé quelque part, Antho' peut aller le remplacer, donc c'est top. Ce qui est un peu compliqué pour moi, c'est qu'après un bon match de ma part à un poste que j'aime, latéral ou piston gauche, on va tout de suite m'appeler pour dépanner s'il y a un blessé en défense centrale. Ce qui me perturbe un peu, parce qu'il faut prendre d'autres repères, même si je peux le faire. Mais comme on dit, je suis au service de l'équipe. Le souci, ce n'est pas que je change de poste mais qu'on perd des matchs. Moi, je fais mon travail que ce soit en central ou arrière gauche, je ne peux pas me permettre de refuser.

Les statistiques ont d'ailleurs montré que vous étiez plutôt entreprenant en début de saison au poste de latéral gauche.

Ce que j'aime dans cette position, c'est que je peux apporter offensivement. Je peux terminer les actions dans la surface adverse. C'est super, j'aime ce poste pour ça. En tant que défenseur central, je suis important à la relance, je ressors les premiers ballons propres pour commencer une action. Mais du coup, je ne la termine pas, je ne pèse pas offensivement. C'est ce qui me gêne un peu dans ce rôle de central.

Selon vous, quelle est la principale différence entre la Bundesliga et la Ligue 1?

L'intensité des matchs. La Bundesliga, c'est entre la Premier League et la Ligue 1. C'est un championnat un peu box-to-box. Les premières périodes ne ressemblent jamais aux deuxièmes. C'est vraiment quelque chose que j'ai constaté. Ça se donne à 200% en première période, et par conséquent il y a beaucoup plus d'espaces en deuxième période. En France, c'est beaucoup plus calculé: si on gagne 1-0 ou 2-0, on ne va pas continuer à attaquer. On va peut-être redescendre et bloquer les espaces pour conserver le score. Ce n'est pas comme ça en Allemagne: on gagne 2-0, on fait tout pour marquer le troisième but. Aussi, ça siffle beaucoup moins de choses en Allemagne qu'en France dans les duels. Dès qu'il y a un blocage sur les coups de pied arrêtés, il y a tout de suite faute en France. Ici, c'est quelque chose de normal. Pour moi, l'Allemagne c'est le deuxième meilleur championnat du monde après la Premier League.

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"Un retour en France, pourquoi pas?"

Vous suivez toujours ce que fait Strasbourg?

Oui, j'ai encore beaucoup d'anciens coéquipiers là-bas. J'y ai fait 11 ans à Strasbourg, c'est mon club, c'est ma ville de cœur et c'est un club que je suivrai toujours. En plus, c'est à deux heures de Mayence. Pour vous dire, dès que j'ai des weekends de libre, je rentre souvent sur Strasbourg. Et avec Ludo (Ajorque), qui a aussi joué à Strasbourg, on se fait souvent des petits résumés à Mayence!

En janvier, on a appris que des clubs français s'intéressaient à vous. Vous confirmez? Est-ce qu'un retour en Ligue 1 pourrait vous intéresser?

Je l'ai aussi appris en lisant l'article. Je pense qu'il y a eu des discussions avec ces clubs, qu'il y a plusieurs clubs intéressés, mais un intérêt ne veut pas dire que ces clubs sont prêts à faire une offre. Mais un retour en France, pourquoi pas? Je ne dirais pas non. Tout dépend dans quel club et des ambitions. À voir. Le plus important, c'est vraiment qu'on se maintienne avec Mayence. On verra après pour moi. Là, c'est dur d'aller vers Mayence pour leur parler de mes projets individuels. Je sais que mes agents vont discuter avec le club en mars. Je ne sais pas encore ce que Mayence pense faire avec moi (le contrat court jusqu'en juin 2026, ndlr). J'imagine que leur première réponse va être qu'on doit d'abord se maintenir et voir après pour le reste.

Une autre aventure en Allemagne vous intéresserait aussi?

C'est le deuxième meilleur championnat du monde, où beaucoup de Français sont très heureux. Moi aussi je le suis. J'aime beaucoup jouer dans ces stades pleins tous les weekends. C'est quelque chose qu'il ne faut pas oublier: tous les weekends, il y a une ambiance de fou. Que ce soit contre le dernier ou le premier. Ça compte beaucoup dans la tête des joueurs, et la mienne. Tu te dis que tu prends du plaisir chaque semaine, ce n'est pas rien. Mais un retour en France ne me dérangerait pas non plus. Tout dépend du club. En fait, Mayence était une étape après Strasbourg: partir à l'étranger, s'acclimater à une nouvelle culture, une nouvelle vie, un championnat plus fort, plus intense. Je pense que je me suis adapté. Maintenant, j'aimerais quelque chose avec peut-être plus d'ambition, où le club viendrait en disant jouer les premiers rôles. C'est ce que j'aimerais.

L'équipe de France masculine va disputer les Jeux olympiques cet été. Vous avez été de l'aventure à Tokyo en 2021. Quel souvenir en gardez-vous?

C'est un souvenir inoubliable. Les Jeux olympiques, c'est vraiment un truc de fou que je n'aurais jamais pu imaginer faire. Je n'y pensais pas du tout. Quand j'ai été sélectionné, j'ai été surpris, choqué! J'avais trop hâte d'y aller. Alors oui, les performances n'ont pas été très bonnes, il faut être honnête. Mais moi, en tant que petit Strasbourgeois, j'étais aux anges là-bas. Comme dans un rêve. Quand on voit des athlètes de haut niveau, français ou même étrangers, qui se promènent à côté de vous... Ce n'est pas rien! Quand on va manger à côté de Novak Djokovic, on se dit que ça ne peut arriver qu'aux JO. C'est incroyable! Ce sont des souvenirs que je ne pourrais jamais oublier. J'espère que les performances seront meilleures à Paris. Ils auront l'équipe pour, je pense. Et ils pourront bien se préparer avant. Nous, il n'y avait pas eu beaucoup de préparation avant ces JO. C'est pour ça que les résultats n'avaient pas suivi.

Article original publié sur RMC Sport