Maximilien, atteint de schizophrénie : "Quand la voix me dit : il faut que tu tues cette personne, que tu violes cette femme, c'est très perturbant"

Une personne sur quatre est atteinte d’un trouble psychique à un moment de sa vie. Et la pandémie de Covid-19 a encore renforcé ces troubles. Pour briser le tabou, personnalités et anonymes se confient au micro de Yahoo dans "Tourments", le nouveau format de Yahoo.

Atteint de schizophrénie, Maximilien Durant lutte contre la maladie depuis son adolescence. Pour Yahoo, le jeune homme de 28 ans, originaire de Canteloup, dans le Calvados, a accepté de se livrer et de raconter son histoire dans "Tourments", le nouveau format de Yahoo dédié à la santé mentale. Un récit bouleversant.

Il a dû faire front, se faire une raison et s’y contraindre. Âgé de 28 ans et atteint de schizophrénie, Maximilien Durant a passé plus de la moitié de sa vie à lutter contre la maladie. Un parcours ponctué de remises en question, de passages à vide et de notes d’espoir qu’il est aujourd’hui prêt à raconter. Pour Yahoo, il a accepté de se confier (Retrouvez l'intégralité de l'interview en fin d'article).

Insultes à profusion, ordres incessants

Sa vie bascule à l’âge de 12 ans, période où les premiers symptômes apparaissent. Une voix intérieure prend rapidement le contrôle de son esprit un peu à la manière d’une marionnette. Insultes à profusion, ordres incessants, pulsions incontrôlées : Maximilien n’est plus maître de lui. En plus d’entendre cette voix, qu’il finit par appeler "Murphy" au fil du temps, il explique avoir perdu la raison après avoir vu du sang sur le sol, sur les murs et sur ses mains. Des hallucinations qui le conduisent à penser au suicide plus d’une fois et à se faire du mal, notamment par scarification.

"Schizophrénie, ça fait peur. On pense tout de suite "fou dangereux""

Diagnostiqué schizophrène à l’adolescence, une maladie souvent associée à la folie, Maximilien n’a pas le suivi qu’il souhaite. Un profond sentiment de solitude le laisse démuni face à cette situation. "On nous plante un décor totalement négatif. On ne m’a apporté aucun message d’espoir", se rappelle-t-il avec émotion dénonçant la faiblesse de la prise en charge. La déception est grande. Le corps médical ne se montre pas à la hauteur de ses attentes et sa famille ne lui apporte pas non plus le soutien espéré.

Considéré comme un étranger, il se sent abandonné par les siens, à commencer par sa demi-sœur avec qui il n’est plus en contact. "Elle avait peur que je fasse du mal à ses enfants, ça m’a fait beaucoup de mal", explique-t-il tout en précisant, non sans peine, que le regard des membres de sa famille avait changé à son égard. Un constat qui, non seulement, le bouleverse mais qui réveille chez lui une certaine angoisse : "J’avais peur de devenir dangereux".

"La voix prenait le dessus et m'ordonnait de lui faire du mal, de lui trancher la gorge"

Cette voix, avec qui il apprend à vivre contre son gré, le rend fou, notamment lorsqu’elle lui ordonne de tuer ou de violer, des situations décrites comme "très perturbantes". Concernant la fréquence de ces injonctions, Maximilien explique qu’elles se font désormais plus rares mais qu’elles étaient particulièrement présentes à certains moments. "Lorsqu’un client ou un collègue me manquait de respect et que je me laissais faire, la voix prenait le dessus et m’ordonnait de lui faire du mal, de lui trancher la gorge par exemple. C’était invivable". Fort heureusement, le jeune homme parvient à se dissocier de cette force maléfique, un trait de caractère qu’il l’a sauvé à plusieurs reprises.

"J’ai appris à connaître cette voix"

Contre toute attente, il réussit même à construire un "lien" avec cette voix, à la manière d’un colocataire. "J’ai appris à la connaître. Nous avons certains points communs", confie-t-il, citant l’humour à titre d’exemple. Et pour qu’elle ne soit pas trop présente dans sa vie au quotidien, Maximilien compose en usant de stratégies diverses et variées. Il réalise notamment qu’en s’affirmant davantage, elle se fait beaucoup plus discrète. "J’ai fait des ateliers pour booster la confiance en soi, ça m’a beaucoup apporté".

"Je voyais du sang sur le sol, sur les murs, sur mes mains. Je pensais très souvent au suicide"

En plus de ce travail personnel, indispensable à toute guérison, le jeune homme est contraint de se soigner par voie médicamenteuse pour continuer à vivre le plus "normalement" possible. Sans grande surprise, la plupart des traitements proposés ne fonctionnent pas ou ont très peu d’effets bénéfiques. À contrario, les effets secondaires sont multiples et très handicapants au quotidien. Prise de poids, fatigue, constipation : Maximilien a dû malheureusement les endurer. Mais aujourd’hui, malgré ces désagréments, il va mieux et dit avoir trouvé le "bon traitement", celui qui lui permet d’avoir "beaucoup moins d’hallucinations et de délires".

En parallèle, certains de ses hobbies comme la musique l’ont aidé à remonter la pente. Des activités qu’il pratique toujours aujourd’hui. "J’ai aussi beaucoup écrit de poésie. Ça a été une manière pour moi d’exorciser un peu mes démons", conclut-il.

Retrouvez l'intégralité de l'interview de Maximilien :

Les maladies mentales touchent 7 à 10 Millions de personnes en France, et une personne sur 5 y sera confrontée au cours de sa vie. Si vous avez des doutes vous concernant ou concernant l'un de vos proches, n'hésitez pas à consulter. Il existe également des lignes d'écoute téléphoniques anonymes. En cas de crise présentant un danger grave et immédiat, contactez le 15.